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Auteurs Messages

Salus
Membre
Messages : 6953


Posté à 15h49 le 24 Jan 17






Glose N° 4


Où l'auteur maugrée
Mais toutefois crée
Sa rubrique en vrac,
Cornaquant sans trac !


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Bon, mon ordi est naze, les fabricants de véroles informatiques devraient être bouillis à gros bouillon, je vais recommencer - que de temps ! - mon semblant d’exégèse qui vient de m'être avalée par le capharnaüm innommable qui se déclenche par ci par là, dès que je vais vérifier une info... - pour moi qui ne me sers du P.C qu'avec difficulté et parcimonie, c'est une épouvantable épreuve, et ne seraient mes quelques lecteurs, connus et supposés, il y a longtemps que j'aurais tout passé par la fenêtre, sans blague, j'ai que ça à faire, que de me battre contre ces envahissants moulins - que Cervantès eût récusés - pendant que je n'ai pas le temps de rêver, que ma toiture tombe en ruine et que Raoul-le-moyenâgeux (mon tracteur),répand tripes et boyaux sur la prairie choquée par tant de trivialité !
Après tout, il suffit d'un stylo (mot dérivé du grec via l'anglais, au départ genre de petit burin ou de grosse aiguille), et d'un papier pour écrire, essayez, un jour, pour voir, vous serez étonnés comme ça marche bien !
Bah, je sais que nous avons tous des problèmes et que les miens sont mineurs, pardonnez ce défoulement logorrhéique, je vais essayer de revenir à quelque chose de plus littéraire, avec un peu de chance, vous pourrez lire la suite de cette "Succincte histoire de la poésie française", subjectivement filtrée par votre serviteur :

Nous en étions aux alentours du 13ème siècle, et j'encensais Rutebeuf comme étant - à mon sens - le premier poète d'un renouveau Orphique qui allait patiemment conduire au génie rimbaldien.
L’ellipse est énorme, pourtant, Rutebeuf, avec cette intelligence décalée de son temps, que Villon allait, deux siècles plus tard, porter aux nues, Rutebeuf, ouvre le texte sur des dimensions complexes ou l'on devine, en filigrane, moult sous-entendus, des critiques derrière les plaintes, un humour que - le décalage avec la pensée médiévale en empêche la certitude - un humour que l'on sent mordant, presque jovial, dans une espèce de "mauvais esprit" dont , c'est vrai, je n'ai pas la preuve que je ne la projette pas...
Ce dont je suis plus sûr, c'est de la qualité de ses poèmes, de son surréalisme latent, et de l'éblouissante musique qui surgit parfois de ses vers.

Je ne sais combien d'entre vous seront assez pugnaces pour déchiffrer ces quelques phrases, qui sont peut-être une version misogyne de ce que j'évoque plus haut, en tout cas l'octosyllabe est parfaitement maîtrisé, il y a un jeu d'assonances unique et des voltes musicales du plus grand intérêt :


Por doneir plus de reconfort
A cex qui me heent de mort,
Teil fame ai prise
Que nuns fors moi n'aimme ne prise,
Et c'estoit povre et entreprise
Quant je la pris,
At ci mariage de pris,
Qu'or sui povres et entrepris
Aussi com ele!
Et si n'est pas jone ne bele:
Cinquante anz a en son escuele,
C'est maigre et seche.
N'ai mais paour qu'ele me treche!
Despuis que fu neiz en la creche
Diex de Marie,
Ne fut mais tele espouzerie.
Je sui droiz foux d'ancecerie:
Bien pert a l'uevre.


Pour se faire une idée du côté "intemporel" du langage poétique, on peut constater en essayant de lire des textes non rimés de la même époque, qu'ils nous sont quasi-incompréhensibles...
Il nous reste de Rutebeuf près de 14000 vers pour une soixantaine d’œuvres. De cette époque, on peut noter Brunet Latin, qui fut le maître de Dante, mais ses vers sont en italien, ou Jehan Bodel d'Arras, revenu de croisade avec la lèpre (c'est malin !) et qui écrivit assez joliment, en dialecte du cru, du fond d'une léproserie d'Arras... Ont été composés vraisemblablement avant 1200 cinq pastourelles et neuf fabliaux qu’il a tous cités dans le Fabliau des deus chevaus :


« Cil qui trova del morteruel
et del mort vilain de Bailluel
qui n’ert malades ne enfers,
et de Gombert et des deus clers
que il mal atrait en son estre
et de Brunain, la vache au prestre,
que Blere amena, ce m’est vis,
et trova le songe des vis
que la dame paumoier dut,
et du leu que l’oue deçut,
et des deus envïeus cuivers
et de Barat et de Travers
et de lor compaignon Haimet
d’un autre fablel s’entremet,
qu’il ne cuida ja entreprendre. »


Les courageux qui ont essayé reconnaîtront que le niveau de fluidité musicale est inférieur à celui de Rutebeuf, ainsi que la puissance de ses images, même si ce poète est un des plus performants de son époque. Nous passons au quatorzième, sans nous attarder sur Eustache Deschamps, qui fut pourtant un poète majeur, inonda son époque de gloses, de virelais et de balades, avec plus de 80 000 vers issus d'une morale plus ou moins ambiguë, mais avec une grande virtuosité de versification, il commence à codifier les formes ; ce sera un inspirateur de Villon. En ces temps obscurs, le mètre se diversifie, même si l'antique octosyllabe reste prépondérant, la recherche nouvelle de potentialités poétiques émerge de l’œuvre de quelques-uns, le Moyen-Âge traîne encore son tempo massif, son vertige effrayant...

Que va-t-il se passer ?

Vous le saurez en achetant gratuitement la suite de notre roman feuilleté, chez votre marchand de songes habituel !

Salut,
Salus









Marcek
Membre
Messages : 5106


Posté à 01h20 le 19 Feb 17

Raoul va t'il mieux ? Très Triste Très Triste


Salus
Membre
Messages : 6953


Posté à 18h39 le 19 Feb 17


Raoul est guéri, il t'embrasse !


Marcek
Membre
Messages : 5106


Posté à 18h41 le 19 Feb 17

Sourire

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