Amertume
par Gkak
Prêtres noirs égrenant les grains
De chapelets de vie amère
En secret j’invoquais ma mère
Aux murs j’avouais mon chagrin
Noir collège, noires sentences,
Etude studieuse d’ennui
Tout le jour j’espérais la nuit
Froid et peur furent ma pitance
Long dortoir où la pâle aurore
Eclairait ce lit inconnu
Où gisait mon corps presque nu
Que le manque d’amour dévore.
En la chapelle était un Roi
Qu’on disait cordial, magnanime
Haineux, mes deux yeux de minime
Fixaient ce mort dessus sur croix.
Lèvres closes, pensée aucune,
Parmi le troupeau seul parjure
Je mêlais aux chants mes injures
L’âme martelée de rancune.
...
A mes oreilles, la comptine
Cruelle des absents résonne
Personne ne sut, non, personne
Bercer mes frayeurs enfantines.
Sur la voussure du talus
La lanterne au seuil s’allumait
La maison d’enfance est fermée,
Nul n’y reviendra jamais plus.
L’adoration est-elle morte
Et tout amour l’est-il aussi ?
Plus rien ne m’émeut, mais qu’importe
N’ai-je pas le cœur endurci ?
Ô ! mères, faites-vous défense
Si même au péril de vos vies
De tenir vos fils en enfance
Hors de vos bras épanouis.
Ils sont vos fragiles amants.
Ô ! mères, soyez des mamans !
Poème posté le 06/11/15