Il marche en rond. Oui tout seul dans sa chambre, il marche en rond. Il fixe ses pieds, mais ne voit que leur ombre mouvante dans le noir, et il marche en rond. Il est nu, il est vide. Comme sa chambre.
Il y a dans cette chambre un bureau sur lequel est posé un bloc note et un stylo noir ainsi que quelques livres dérangés. Aussi, il y a une armoire, et un lit positionné en face du bureau. Tout est blanc comme le vide, tout est blanc (et donc vide) comme lui. Il est deux heures trente-huit passées, et il somnole debout, au lieu de dormir. Il pense, surement, et il marche en rond. Peut-être pense-t-il aussi en rond? Il est maintenant trois heures, et c'est l'heure à laquelle la ronde se brise. En effet, il vient de trébucher sur ce petit meuble en bois qu'il frôle depuis une de ces heures à laquelle il faisait encore jour. Cette secousse douloureuse le réveille, et il se rappelle qu'il faut aller dormir. Il remet son pyjama, et se glisse dans les draps frais d'avoir été si bien tendus sur le lit. Une minute plus tard, il a chaud, et son pyjama le gêne. Il l'enlève sous la couette, et s'endort.
Au matin, ou plutôt à midi passé, l'homme est tiré de son sommeil par un mince faisceau de lumière rayonnant à partir du hublot qui surplombe sa chambre; et il lui semble que ses paupières sont aussi lourdes à soulever que ces paquets qu'il porte à l'usine. La nuit a été mouvementée, et le sommeil plein. Et même si il a en ouvrant les yeux cette sensation de lourdeur remplie par il ne sait quoi, il retrouve dès l'instant suivant le vide blanc qui est devenu habituel pour lui. C'est le vide de sa chambre, et c'est le vide de sa vie.
Posté à 02h49 le 27 nov. 14
