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Le généreux égoïste et le gai passereau
par Ann


Un vieux avait pris l’habitude De venir se poser sur un banc. Il fallait vraiment la pluie En amour avec le vent Pour que le flâneur quittât la place. Il jetait à la volée des miettes de pain Et des restes de brioche aux pigeons. Son manège durait depuis des mois. Un moineau plus impertinent que les autres Volait la vedette à toute la gente emplumée. Dans une flaque, l’oiseau ébouriffait Ses rémiges éclaboussant le soulier De la statue humaine amusée De ce spectacle quotidien. Le piaf en vint un jour, en prudente confiance À déchiqueter le sachet de papier Chargé des reliefs convoités. — Tu es un bandit bien culotté, fit l’homme Qui s’entendit répondre : « Tu mendies bien la compagnie ! Ces modestes oboles sont à toi Divertissement à tes chagrins. A moi, elles donnent aigreurs d’estomac. Je tire mes forces et ma gaité, Comprends-tu, plutôt des vermisseaux.» Répondit l’effronté passereau. Le visiteur du square tendant sa main ouverte Continua ainsi la conversation : — Tu fais ma joie, petit pierrot Tu combles les regrets qui alourdissent mon pas, Viens, viens ! Petit piou-piou Pose-toi là que je te cajole. Je te donnerai en paiement de ta compagnie Le gite, le couvert et le réconfort… Je suis si cruellement seul, continua le vieillard — Je suis bien assez près pour sautiller et pépier à loisirs. Je suis libre avec mes frères et ne désire rien d’autre. Mais ton âme généreuse voudra adopter Colvert ! Tu marches sur trois pattes, il ne lui en reste qu’une. A vous deux, vous feriez la paire. Je ne donne pas cher de sa peau A l’automne, il sera mort de faim Avant que le froid fasse le sale boulot, Reprit l’animal que la geôle ne séduisait pas. — Que j’adopte ce triste éclopé ! fit le vieux dépité. En lieu de ton chant, tu m’offres la fiente A ajouter au solde de ma pauvre vie ! — Tu as bien tort vieillard de le prendre ainsi. Ton cœur est une croûte de pain sec Tu voulais m’adopter disais-tu ! Que nenni ! Tu mourras orphelin du bonheur, chanta l’oiseau S’enfuyant sur la plus haute branche d’un saule.



Poème posté le 10/05/18


 Poète
Ann



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