Salus
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Posté à 18h53 le 21 Jan 17
Vous avez lu les PPPF ? - Bravo ! Essayez donc « Les Gloses » ! (28 épisodes)
Exégèse sans prétention
Cette subjective rubrique
Analysera, brique à brique,
La poétique construction....
Glose N° 1
"De l'histoire de la rime, et autres subtilités"
(Je tiens d'abord à prévenir le lecteur éventuel que mes gloses, théoriques et péremptoires affirmations, n'ont aucune présomption à toucher l'universelle vérité, que mon savoir est parcellaire, au mieux, et que tout apport d'informations contradictoires ou supplémentaires sera le bienvenu !)
Avec des origines hypothétiques oscillant entre Germanie et Orient, la rime serait apparue, à l'état embryonnaire, (comprendre : une vague homophonie) au premier siècle après J.C, échappée des geôles romaines via des légionnaires qui l'auraient, ainsi que spores ou pollens, répandue à travers les pays conquis, et c'est en Gaule qu'elle se serait fixée, originellement.
Elle était alors considérée comme un amusement plébéien, et fort méprisée, car la poésie, infiniment plus ancienne, tenait plutôt du rythme que de la rime : succession de trochées et de iambes, sons longs ou courts, hexamètres, pentamètres, etc.
(J'ose supposer la Poésie quasi-éternelle, et encore antérieure aux exercices gréco-latins ; pour moi, sa première expression construite en doit être la musique, laquelle est largement préhistorique (voir "lithophone"), puis la sculpture, et le dessin (les formidables évocations pariétales) ; l'écrit, code complexe et profondément décalé du réel, quant à sa construction, n'apparaissant que bon dernier...
"Ainsi le chœur des romances
À la lèvre vole-t-il
Exclus-en si tu commences
Le réel parce que vil"
Mallarmé
Ceci dit, il semble que les premiers rappels sonores se sont plutôt composés d'assonances, et que ce soit la poésie latine chrétienne, née de l’affaiblissement de la prosodie gréco-romaine, qui ait peaufiné l'homophonie jusqu'à la rime proprement dite (d'abord sur la similitude vague du dernier son du vers), et ce aux alentours du huitième siècle, ce qui ne nous rajeunit pas !
Je finirai ce bref exposé - mais d'autres suivront - en vous livrant la fabuleuse traduction rimée d'une poétesse bien antérieure à la rime, dont la puissance d'évocation n'est guère parvenue jusqu'à nous (malgré les louables efforts de Boileau et maintes versions dont le côté essentiellement technique assassine l'immense portée poétique), que grâce, à ma connaissance, au seul génie littéraire de Marguerite Yourcenar (le Jedi !).
Il s'agit de l'immortelle Sappho, (7ème siècle avant J.C) -
Dont, hélas ! il ne reste que des bribes - et quelles bribes !
"Vous vous cachiez, enfants, au pied du laurier sombre
Vous vous dissimuliez sous son grand manteau d'ombre,
Quand je passais, hier, allant vers la cité.
Et moi, je vous voyais, j'ai vu votre beauté,
Et ce vin du regard, je l'ai bu à longs traits.
Ceux qui m'accompagnaient, où étaient-ils ? Distraits,
Mes yeux allaient vers vous ; et je n'entendais plus
S'échanger près de moi les propos superflus.
Ô rumeurs de l'amour, clairs et sereins attraits !"
...Et moi, quand je lis ça, pour la centième fois, les larmes me montent, tant c'est beau !
(Vu la difficulté de l'exercice, on fera grâce au "Jedi" des licences qu'elle s'autorise, du point de vue de la règle classique,tout au long de "La couronne et la lyre", livre majeur de l'azur, pour se pencher sur l’exploit de la transmission du rendu !)
A plus,
Salus
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Salus
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Posté à 12h43 le 22 Nov 17
Comment ça "Si le principe correspond à tes gloses" ?
Ça se peut, ça ?
"Glose", c'est beaucoup de choses éventuellement connexes (tiré du CNRTL) :
A. − Vx. ,,Terme (...) qui depuis Aristote a désigné les mots ou locutions considérées comme étrangères à l'usage : archaïsmes, dialectismes, formes poétiques`` (Mar. Lex. 1933).
B. − Annotation brève portée sur la même page que le texte, destinée à expliquer le sens d'un mot inintelligible ou difficile ou d'un passage obscur, et rédigée dans la même langue que le texte. D'autres apologistes (...) reprennent des expressions semblables [à infusus est], mais accompagnées d'une glose qui en précise la signification (Théol. cath.t. 4, 1, 1920, p. 1145) :
1. Je souffrais trop à voir Isocrate, la plus nette perle du langage attique, entouré de latin d'Allemagne ou de Hollande. En lisant vos notes, du moins je ne sors pas de la Grèce, et j'entre beaucoup mieux dans le sens de l'auteur qu'avec une glose latine ou vulgaire. Chaque langue veut être expliquée par elle-même, parce que les mots ni les phrases ne se correspondent jamais d'une langue à une autre... Courier, Lettres Fr. et Ital.,1808, p. 774.
♦ Glose ordinaire. ,,La glose faite sur le latin de la Vulgate`` (Ac.1798-1932).
♦ Glose interlinéaire. Celle qui est effectuée entre les lignes mêmes du texte. Les interpolations sont d'ordinaire accidentelles, dues à la négligence des copistes et s'expliquent par l'introduction dans le texte de gloses interlinéaires ou d'annotations marginales (Langlois, Seignobos, Introd. ét. hist.,1898, p. 71).
C. − P. ext. Commentaire littéral effectué sur un texte d'un point de vue critique ou seulement explicatif. Le septième écrit, séparé du précédent par une glose due au compilateur du recueil (Philos., Relig., 1957, p. 42-10) :
2. ... la vente de chaque glose critique sur un ouvrage connu, comme le Télémaque ou L'Homme des champs, rendra à l'auteur au moins cinq millions de francs... Fourier, Nouv. monde industr.,1830, p. 34.
− DROIT
♦ Commentaire accompagnant le texte des anciennes éditions du Corpus Juris. La glose d'Accurse.
♦ Gloses malbergiques [Le malberg était le tribunal des Francs] Mots de la langue des Francs Saliens insérés dans la version primitive de la Loi Salique (rédigée en latin) :
3. Les gloses malbergiques (...) reproduisent les mots en francique que le demandeur devait prononcer au mallum [cf. mallus], devant les juges, dans le cas visé par le texte de la loi. Fr. Olivier-Martin, Hist. du dr. fr. des origines à la Révolution, Paris, éd. Domat Montchrestien, 1948, pp. 16-17.
D. − P. anal. et fam. Commentaire malveillant ou interprétation critique effectuée sur un texte, sur une personne ou sa conduite. Ma religion même fut un sujet de glose et de calomnie stupide (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 338).Ces gloses à mots couverts sur le départ de Mademoiselle Laheyrard, ces allusions saisies au vol sur la façon dont elle avait été compromise (Theuriet, Mar. Gérard,1875, p. 173).
E. − Littér. Pièce composée de strophes de quatre vers, le dernier de chaque strophe reprenant un vers d'une pièce connue que l'on parodie. La glose de Sarrasin sur le sonnet de Job (Ac. 1798-1932).
Prononc. et Orth. : [glo:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. a) Ca 1175 « explication, interprétation » (B. de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 10078); b) ca 1209 « reproche, réprimande » (Guiot de Provins, Poés., 2433, ibid.); 1690 (Fur. : Glose. Se dit aussi de certaines critiques ou additions qu'on fait sur les événements et les histoires du monde). Empr. au b. lat.glosa, glossa « mot rare, terme peu usité (qui a besoin d'être expliqué) », du gr. γ λ ω ̃ σ σ α « langue, langage; langue ou locution archaïque (opposées à langue usuelle) ». Fréq. abs. littér. : 70.
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