Le Chat Noir et le Scribe discret
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Un bon matin, en allant à l’école,
J’ai vu un chat noir (ô malheur, quel symbole !)
Il m’a lancé un regard de sévère professeur,
Puis, sur mon cartable, s’est assis en douceur.
Depuis ce jour, chaque soir, il revient,
S’allonge, ronronnant, sur mes petits refrains.
Il corrige mes fautes avec ses moustaches,
Et miaule si j’emploie une rime qui tache.
Très tard, pour lui, juste avant de dormir,
Je sors du frigo (pour un peu l’adoucir)
Un bol de lait, un gâteau aux saveurs
De sardine, de fraise, et d’un peu de bonheur.
Mais le problème (si vous le saviez...)
C’est que ce chat noir… n’a jamais existé.
Et mon rêve d’écolier, brillant et distrait,
S’est enfui, lui aussi, dans un coin du passé.
Parfois, il y a des fois, à l’éclipse de lune,
Il s’amène discret, comme un beau souvenir.
Il sort sa tête - deux yeux qui s’allument
Et miracle total : il commence à m’écrire !
C’est lui, en effet, le plus grand des poètes,
C’est lui qui garde l’ancestral secret
De toutes les mémoires des rimes parfaites —
Je ne fais que transcrire, moi, son scribe discret…
Pour finir en douceur, il fait mine de fuir,
Vers l’étoile lointaine pour mieux se coucher.
C’est notre secret, il me dit en sourire :
« Ne dis pas qu’un de nous n’a jamais existé. »
***
J’ai vu un chat noir (ô malheur, quel symbole !)
Il m’a lancé un regard de sévère professeur,
Puis, sur mon cartable, s’est assis en douceur.
Depuis ce jour, chaque soir, il revient,
S’allonge, ronronnant, sur mes petits refrains.
Il corrige mes fautes avec ses moustaches,
Et miaule si j’emploie une rime qui tache.
Très tard, pour lui, juste avant de dormir,
Je sors du frigo (pour un peu l’adoucir)
Un bol de lait, un gâteau aux saveurs
De sardine, de fraise, et d’un peu de bonheur.
Mais le problème (si vous le saviez...)
C’est que ce chat noir… n’a jamais existé.
Et mon rêve d’écolier, brillant et distrait,
S’est enfui, lui aussi, dans un coin du passé.
Parfois, il y a des fois, à l’éclipse de lune,
Il s’amène discret, comme un beau souvenir.
Il sort sa tête - deux yeux qui s’allument
Et miracle total : il commence à m’écrire !
C’est lui, en effet, le plus grand des poètes,
C’est lui qui garde l’ancestral secret
De toutes les mémoires des rimes parfaites —
Je ne fais que transcrire, moi, son scribe discret…
Pour finir en douceur, il fait mine de fuir,
Vers l’étoile lointaine pour mieux se coucher.
C’est notre secret, il me dit en sourire :
« Ne dis pas qu’un de nous n’a jamais existé. »
***
