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Vertige sur l'escabeau
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Vertige sur l’escabeau. Une bibliothèque escargot, un concentré de génie caressé de lames de lumière issues d'un store entrouvert. Une montagne sans neige, faite de livres empilés et fusionnés, de la roche volcanique, sèche, poussiéreuse, dont les pages frissonnent. Une bibliothèque qu’on imagine comme le front de Dieu, transpirant de toute la sueur d’âme d’hommes et de femmes pérennisés par des mots fossilisés.

Perché comme un voltigeur, il méprise la hauteur, trop concentré à regarder un à un les livres, à droite, à gauche, à gauche, en haut, en bas... panique, comme un animal apeuré, les titres, les auteurs, se multiplient et s’emmêlent en lui, secouant ses souvenirs, boxant son cœur, comme s’il se retrouvait soudainement face aux femmes de sa vie, à sa mère, à son père, tous debout devant lui, le ramenant aux histoires qui ont fait sa vie ; les histoires écrites - « Emma, deux ans de relation, voyage en Asie » ; « Alice, une nuit, aurait pu être la femme d’une vie » - et les histoires qui ne se disent pas car on est pas toujours capable de dire ce qu’on ce qu’on ressent, car la vérité est trop dure à dire ou trop simple pour ne pas être cachée derrière une complexité inénarrable.

Ces histoires sont une pluie de météorite sur une planète en éclat, une pluie de flèche accrochant un homme sur une cible à fléchettes géante, une pluie d’étoiles traversant des poussières de galaxies, une fourchette dans une île flottante.

L’histoire de l’humanité sous ses yeux, comme un nuage géant, cachait et laissait deviner la hauteur phénoménale d’une montagne sur laquelle il était assis et qui était la montagne de sa vie. Face à cela, un vertige, vertige d’imagination.

- « Que fais-tu fais sur l’échelle ? C’est dangereux ».


© Poème posté le 16/10/2021 par Johnyvel

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