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La plainte d'Europa
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Europe, en la prairie, n'avait d'autre souci
Pour les nymphes tresser des couronnes de fleurs ;
La rosée du matin de son rire était pleurs
Et face à son désir, quel soleil n'eût roussi ?

Quelle était sa parole, d'ivoire ou de corne ?
Au taureau séducteur, son flanc de neige offrit.
Il ne fut nulle ardeur qu'elle de lui souffrit
Tant son extrême joie ignorait toute borne.

Laisse-moi errer nue au milieu des grands fauves,
Belle encore je veux du tigre être pâture !
Je suis jeune à jamais, car telle est ma nature,
Et mon amant viendra contempler mes yeux mauves...

Mourir ou bien choisir les travaux d'une esclave,
Des fourches long couloir qu'on appelle le vivre ;
Où se trouve le souffle où notre sang s'enivre,
Faut-il interroger les démons en conclave ?

Mais que faut-il choisir, traverser l'océan
Ou seulement cueillir la fleur neuve en jardin ?
Conter mon aventure en un salon mondain,
Est-ce au ciel se dresser que d'être ainsi séant ?

Le délice a fané, le bitume a poussé ;
Mon nom ne couvre plus un si grand univers. :
Son visage n'a plus qu'un unique revers
Et le dard de l'amour n'est qu'un pieu émoussé.
©JIM

d'après Horace (Odes, Livre 3 - XXVII)

© Poème posté le 13/11/2023 par Jim

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