LVI
Quel dieu malin, quel astre me fit estre,
Et de misere, & de tourment si plein ?
Quel destin fit que toujours je me plain
De la rigueur d'un trop rigoreus maistre ?
Quelle des Seurs à l'heure de mon estre
Noircit le fil de mon sort inhumain ?
Et quel Démon d'une senestre main
Berça mon cors quand le ciel me fit naistre ?
Heureus ceus là, dont la terre a les os,
Heureus ceus là, que la nuict du Chaos
Presse au giron de sa masse brutale :
Sans sentiment leur repos est heureus,
Que suis je, las ! moi, chetif amoureus,
Pour trop sentir, qu'un Sisyphe ou Tantale ?
Et de misere, & de tourment si plein ?
Quel destin fit que toujours je me plain
De la rigueur d'un trop rigoreus maistre ?
Quelle des Seurs à l'heure de mon estre
Noircit le fil de mon sort inhumain ?
Et quel Démon d'une senestre main
Berça mon cors quand le ciel me fit naistre ?
Heureus ceus là, dont la terre a les os,
Heureus ceus là, que la nuict du Chaos
Presse au giron de sa masse brutale :
Sans sentiment leur repos est heureus,
Que suis je, las ! moi, chetif amoureus,
Pour trop sentir, qu'un Sisyphe ou Tantale ?
Extrait de "Les Amours" de Ronsard.
Édition de 1993.
Le livre de poche. (classiques de poche)
Cette oeuvre contient également "Les Folastries".
Édition de 1993.
Le livre de poche. (classiques de poche)
Cette oeuvre contient également "Les Folastries".
