Les yeux
1
Quand ils sont arrivés
Dans ce village de montagne
Epuisés par la faim
L'exil et la misère
Tous les yeux du village
Aux fenêtres braqués
Etaient là à scruter
Ces pauvres gens fatigués
A cette famille sans le sou
Le curé a donné
Une vieille grange délabrée
Dont personne ne voulait
Ils s'y sont installés
Heureux de retrouver
Quatre murs et un toit
Où on peut s'abriter
Dans les montagnes la nuit
Tous les bruits sont bizarres
Mais au cours de cette nuit-là
On a pu percevoir
Une rumeur étrange
Semblant provenir du village
Et voir des grands ouverts
Regardant vers la grange
Au petit matin
Quand ils se sont éveillés
Pleins de courage et d'entrain
Avec le jour qui naissait
Ils se mirent au travail
Pour reconstruire une maison
Où il fera bon vivre
Quand l'hiver s'en viendra
Ils travaillèrent sans répit
Pendant toute la journée
Ils travaillèrent très tard
Ils ne s'aperçurent pas
Que derrière les montagnes
Le soleil se couchait
Et que terre et forêt
Avaient l'air mauvais
Quand la nuit fût tombée
Le silence s'installa
De toutes les bêtes des montagnes
Pas une seule ne dormait
Fascinées qu'elles étaient
De voir au creux de la vallée
La haine posséder
Le village tout entier
Par delà la pénombre
Les yeux se firent plus nombreux
C'est alors seulement
Qu'ils avancèrent vers la grange
Poussés par la rumeur
Semblant provenir de la terre
De cette rumeur grondant
Semblait sourdre une menace
Bernard étaient berger
Depuis près de vingt ans
Mais au cours de cette nuit-ci
Il n'a toujours pas compris
Pourquoi par un beau temps clair
Où la lune brillait
Un éclair déchira le ciel
Mettant une montagne en poussière
Quand quelques jours plus tard
Il descendit au village
Curieux de savoir
Il posa mille questions
A toutes ses questions
Il n'eût pour réponse
Que des dos courbés
Et des yeux qui fuyaient
Ces mêmes yeux qui
La semaine précédente
Etaient venus à la grange
Assister au festin
De cette bonne vieille terre
Dévorant des pauvre gens
De cette brave vieille terre
Hurlant "à mort l'étranger".
Dans ce village de montagne
Epuisés par la faim
L'exil et la misère
Tous les yeux du village
Aux fenêtres braqués
Etaient là à scruter
Ces pauvres gens fatigués
A cette famille sans le sou
Le curé a donné
Une vieille grange délabrée
Dont personne ne voulait
Ils s'y sont installés
Heureux de retrouver
Quatre murs et un toit
Où on peut s'abriter
Dans les montagnes la nuit
Tous les bruits sont bizarres
Mais au cours de cette nuit-là
On a pu percevoir
Une rumeur étrange
Semblant provenir du village
Et voir des grands ouverts
Regardant vers la grange
Au petit matin
Quand ils se sont éveillés
Pleins de courage et d'entrain
Avec le jour qui naissait
Ils se mirent au travail
Pour reconstruire une maison
Où il fera bon vivre
Quand l'hiver s'en viendra
Ils travaillèrent sans répit
Pendant toute la journée
Ils travaillèrent très tard
Ils ne s'aperçurent pas
Que derrière les montagnes
Le soleil se couchait
Et que terre et forêt
Avaient l'air mauvais
Quand la nuit fût tombée
Le silence s'installa
De toutes les bêtes des montagnes
Pas une seule ne dormait
Fascinées qu'elles étaient
De voir au creux de la vallée
La haine posséder
Le village tout entier
Par delà la pénombre
Les yeux se firent plus nombreux
C'est alors seulement
Qu'ils avancèrent vers la grange
Poussés par la rumeur
Semblant provenir de la terre
De cette rumeur grondant
Semblait sourdre une menace
Bernard étaient berger
Depuis près de vingt ans
Mais au cours de cette nuit-ci
Il n'a toujours pas compris
Pourquoi par un beau temps clair
Où la lune brillait
Un éclair déchira le ciel
Mettant une montagne en poussière
Quand quelques jours plus tard
Il descendit au village
Curieux de savoir
Il posa mille questions
A toutes ses questions
Il n'eût pour réponse
Que des dos courbés
Et des yeux qui fuyaient
Ces mêmes yeux qui
La semaine précédente
Etaient venus à la grange
Assister au festin
De cette bonne vieille terre
Dévorant des pauvre gens
De cette brave vieille terre
Hurlant "à mort l'étranger".
