Sur le parvis d’errance, la foule alliée
N’est plus qu’un souvenir, une fable enfantine.
Des chevaliers sans tête embourbés bituminent
Toute velléité d’horizons déliés.
Et pendant que certains, vers l’étoile, brandissent
Quelques bras estropiés –un appel au pardon -
D’autres, sentant poindre l’arrivée des chardons,
Se résignent d’emblée à déchirer l’esquisse
De leur dernier sourire…Et de face grisée,
Se fondent dans les rangs de la pensée unique
Qui, costume cintré, envahit le diptyque
Repeignant d’encre noire les couleurs prisées.
Voyez-vous l’homme assis qui de pitre s’élève
Au rang d’humble prostré et pourtant souverain ?
Car d’heureux avenirs ont chahuté ses rêves
Et fait naître la vie dans le creux de ses mains.
Créons ce qui, d’amour, nous offre l’univers
Créons ce qui, d’horreur, nous brule les entrailles
Créons la vie, la peur, le souci du détail
Créons ce qui, au fond, nous fait aimer l’hiver.
Il n’y a d’art mineur que dans les yeux éteints
Des donneurs de leçons récitées sans le ton.
Laissons parler les cœurs hurlant sous capitons
Et vibrons à l’orée d’un futur incertain !