Un jour, je tutoierai le temps
Quand, grisonnant et adossé
Au corps massif d’un vieux figuier,
Je sentirai tourner le vent.
Je lui dirai des « tu » cinglants,
Sur des pourquoi longtemps gardés
Au loin, les monts et les vallées
S’affranchiront des faux-semblants.
J’apposerai des « tu » célestes
Sur les propos les plus légers
Les fruits juteux, les jours d’étés
Qui me contaient leurs manifestes.
Bien sûr, à force d’habitude
Le vous sournois s’en reviendra,
Symbole d’un protectorat,
Peu enclin aux vicissitudes.
Mais je le crois, le « vous » se tue
Si le jeu en vaut la chandelle
Alors, le vol d’une hirondelle
Pourra ce soir lancer la mue.
Mon bon vieux temps, je t’en conjure
Soldons ici nos contentieux
Si tu me tues, fais-le au mieux
Epargne-moi les éraflures.
Je veux sentir chaque minute
Comme une fin en pointillé
Je sourirai sans sourciller
Et tutoierai tous azimuts