Dans toute légende, aussi futile soit-elle,
Il y a une part de poésie moderne...
Comme une envie de vaincre ces drapeaux en berne,
Qui s'enroulent en pleurs autour de mâts trop frêles.
Il donnait l'impression de vivre hors du temps,
Au milieu des couleurs hurlant leur vantardise.
Il n'avait dans sa vie qu'une humble gourmandise,
Le bonheur d'exister, toujours en noir et blanc.
Il battait le pavé et le sourire franc,
Retirait son chapeau quand passait une dame,
On aurait dit Prévert, montant la rue de Siam,
Un rayon de soleil, "sur le bateau d'Ouessant".
Il portait sur l'épaule un papillon bleu-nuit,
Qui dansait sur le rythme de ses battements.
Mais les gens l'ignoraient, et ces gens trop souvent
Oubliaient la portée d'une perle de pluie.
Ce petit papillon était-il bien réel ?
L'avait-il amadoué ou n'était-ce qu'un leurre ?
Demandaient les enfants qu'ils croisaient de bonne heure,
Sur le chemins des colles, accrochés à leur zèle.
Il aimait à répondre à leur espièglerie
par une dérobade ornée de fantaisie :
"Mon papillon est l'heure et pourtant n'a le temps,
De sa trompe vous souhaite les meilleurs printemps"