Mes sentiers ombragés ont ceci de précieux,
Qu’ils n’ont de maux précis à prôner ou à taire.
Ils se lient aux matins défaiseurs de prières,
Comme aux soirs anoblis par un ciel harmonieux.
D’immenses peupliers jalonnent leurs tracés
Et l’on entend souvent le bruissement des feuilles
Emaner tel le souffle d’un cheval racé
Hennissant liberté au pays des écueils.
J’y rencontre parfois quelque rêve éveillé,
Venu mettre en exergue mes folies furieuses.
Des visages bleu-nuit dont je bois le phrasé,
Et parfois le bonheur d’une étreinte enjôleuse.
Je sais… Bien des rôdeurs y chevauchent dans l’ombre,
Cavaliers solitaires accrochés à leurs danses.
Je ne suis du candide que la vague absence
Dont le silence masque les détails plus sombres.
Je ne les hais point et leur fait même part belle,
Car nous mêlâmes autrefois le sang des bannis.
Celui qui aujourd’hui me fait aimer la vie,
Au-delà des clivages et des battements d’ailes.