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Le galet
par Aodren


Au commencement, il y avait une pierre Aux arêtes si rudes ; tellement marquées Qu’elle se crut poisson naviguant en rivière Bercée par les courants et leur éternité. Elle se laissait vivre, au rythme du silence Qui l’emmenait parfois aux abords de la rive Puis, happée par les eaux l’invitant à la danse, Elle s’en retournait à ses vertus oisives. Des décennies durant, portée par le roulis Elle forgeait ses courbes ainsi que sa peau lisse De la roche rugueuse, il ne restait en vie Que son âme accrochée à son cœur de silice. Elle était devenue un galet d’un blanc pur, Aussi immaculé qu’un nuage d’été. Elle ondulait sans fin sur son lit ombragé Se cabrant dans l’eau claire, insoumise monture. Elle s’était juré de ne jamais partir Excepté dans le cas où un enfant aimant Lui dirait qu’il allait de sa main l’anoblir De couleurs aussi denses qu’une pluie d’argent. Le jour où cet enfant se présenta à elle, Elle ne demanda qu’une seule faveur : « Dessine, je te prie, à l’encre de ton ciel Sur ma peau le sourire qui fige les heures »



Poème posté le 12/01/13


 Poète
Aodren



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