J’arpente les sentiers d’une forêt meurtrie
Par les lames de l’hiver aiguisées par le vent
A mes pas, s’accrochent les feuilles endolories.
L’inexplicable trame en dompte les accents…
J’ai rendez-vous plus loin, sous un tilleul en fleurs,
Dans mon fief, les saisons s’improvisent à l’instinct
Le noir et blanc se mêle à mes rêves de couleurs
Quand ses lèvres se dessinent au nez de mon fusain.
Je bifurque vers le Chemin aux Lacs d’Argent
Pose ma main sur l’écorce du maître des lieux
Mes doigts vibrent sur lui, portés par les courants
De son sang rayonnant sur mon matin de peu.
Je pense à toi, sais tu ? Nos vies en pointillées…
Aux esprits qui se meurent et aux pierres endormies.
As-tu déjà mon ange pris le temps d’écouter
Le vœu lourd de la roche balayé par l’oubli ?
Je te dirai les mots, au pied de mon tilleul
Ceux qui cherchent ton corps sous un linge de soie
J’y laisserai, mon ange, ma vie dans un linceul
Dans ce songe où demain, je ne verrai que toi.