Au fond du parc près du grand lierre,
Ventre velu, sur ses huit pattes
La grosse araignée familière,
Tisse sa toile en acrobate.
Un fil tendu sur le sapin,
L'autre accroché à un aubier,
Un passereau brise les brins
Qu'elle était en train de tisser.
Mais sans arrêt sur le métier
L'araignée remet son ouvrage,
Car l'arachnide est entêté
Et ne manque pas de courage.
Plus loin l'épeire des jardins
Se donne une peine insensée
Pour tendre un fil arachnéen
Souvent rompu par la risée.
Cette inlassable dentellière
En un dessein machiavélique
Piège la mouche et l’éphémère
Dans sa toile labyrinthique.
Nul n'est besoin d'être grand clerc
Pour savoir qui viendra s'y prendre,
Comme dans les récits d'Homère
Quand en enfer il faut descendre.
Dans la nature il est normal
Que de prendre la vie d'un autre
Afin d'assouvir sa fringale
Faire mourir l'un, fait vivre l'autre.
Courage, obstination, adresse <br />
un animal mal aimé et pourtant si intéressant.