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les Iles flottantes
par Ann


En souvenir gourmand M’emporte ta peau caramel Emplie de saveurs exotiques Mon kafr, toué lé dou amoin Vanille rhum et cassonade Mes doigts courent sur ton corps Et retrouvent les sensuels délices de mon enfance Je grimpai à quatre pattes sur la chaise pour remplir ma délicate mission. Je battais les blancs en gros flocons bien fermes qui montaient tout mousseux et les jaunes de leur œil tout rond m’observaient du fond de la jatte en attendant leur tour. Déjà sur la cuisinière, le lait écrémé du matin bouillait de nouveau pour accueillir les petits nuages. Demain, Mémé recevrait quelques uns de ces enfants. Le repas se devait d’être parfait mais la grande affaire, c’était le dessert préparé de la veille dans la cuisine aux volets bien clos. La maison flottait au milieu de la nuit silencieuse et le village s’était évanoui dans les brumes normandes. En souvenir gourmand M’emporte ta peau café Emplie de charmes lointains Mon kafr, toué lé dou amoin Vanille rhum et cassonade Ma langue goûte à ton cou épicé Et retrouve les voluptueux régals de mon enfance Sur la table, les gousses de vanille sorties de leur tube de verre embaumaient déjà la pièce. Et la bouteille de rhum m’invitait à un voyage aux pays faits de couleurs et de chaleurs peuplés de femmes et d’hommes tout en chocolat comme les petits lapins tout brillants habillés de papier doré que les cloches de Pâques déposaient dans les jardins au printemps. Mémé tisonnait une dernière fois le foyer tout rayonnant de gaieté. Puis avec une cuiller, elle déposait délicatement les petites boules de neige qui une fois cuites dessus, dessous allaient se reposer sur le grand plat de faïence bleue ébréché par le temps. Et puis sur les jaunes pleuvaient quelques poignées de cassonade et puis le lait. La mouvette tournait la crème, c’était le grand moment, il fallait attendre un peu, encore un peu mais surtout pas plus car c’eut été trop tard. Le saladier embaumait et Mémé versait une lichette de rhum ambré et une larme en plus pour le Bon Dieu. Et les moutons blancs allaient enfin s’ébattre sur l’onctueuse crème que les grandes personnes nomment d’une île, celle-ci enrobée de froid et de brouillard. Je léchais la spatule et mes doigts souillés que je tirai du fond de la casserole. Le matin, les doux parfums envahissaient encore la cuisine mais la maison venait d’accoster au port et la famille bruyante envahissait les lieux mais qu’importe, le soir à l’abri sur notre ile je finirai les restes du dessert et le museau brûlé par la cuisinière, je rêverai à Dom et Tom qui ont toujours chaud tout nus au soleil. En souvenir d’un doux amant M’emportent les larmes ambrées Que je verse sur la crème dorée Mon doux ami des îles est reparti au pays Vanille rhum et cassonade Ma langue plonge dans la délicieuse jatte Et retrouve le gout piment de nos ébats d’antan.



Poème posté le 01/08/10


 Poète
Ann



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