Accours, grimpe sur l’échelle de mon désir
Allonge tes doigts sur mon corset de fer
Plaque-toi sur mon corps fatigué et gris
Glisse ta jambe, cale-toi bien contre mon cœur de pierre
Prends tes aises, je patiente dans l’attente du plaisir
Ne fais donc pas tant de manières
On se connaît depuis si longtemps
Entends mon squelette aux abois il frémit déjà
Sous ta douce main d’homme d’expérience
Qui s’attarde sur mes flétrissures
Du temps qu’il fait, du temps qui passe
De tout ce temps que j’ai passé à t’attendre
Ne fais donc pas tant de manières
On se connaît depuis si longtemps
Je sens tes cuisses et ton souffle chauds
Envahir mes intimités. La porte est close
Mais j’ai confiance, tu connais les ficelles du métier
À peindre des nuages de plénitude… Tendrement,
C’est ça doucement, nous n’avons plus vingt ans ni moi ni toi
Ne fais donc pas tant de manières
On se connaît depuis si longtemps
Je sens ronds, plats ou bien carrés tes pinceaux
Qui réveillent mes sens, danser le long de mes flancs.
Prépare tes rouleaux divers et de printemps. Oui,
De bas en haut encore et encore doucement,
Vieille au Bois Dormant. Fermement j’adore ta vigueur revenue
Ne fais donc pas tant de manières
On se connaît depuis si longtemps
Un pinceau de lumière traverse mes entrailles, j’ignorais
Que cela puisse encore une fois nous arriver à toi, à moi
Que tu travailles avec tant d’ardeur. Tu as tiré la clef de sa cachette
Pénètre vite en mon abri. Vite je ne puis plus attendre
Dis-moi comme c’est douillet et chaud dans mes gravats abandonnés.
Ne fais donc pas tant de manières
On se connaît depuis si longtemps
Assouvissons nos sens jusqu’à la dernière goutte d’élixir ambré de miel
Cachée dans le fonds de ta boîte à outils.
Tu me fignoles, tu me fouilles de tes soies ; J’ai retrouvé
les couleurs de mes quinze printemps. A l’époque je t’avais forcé à m’aimer
Tu m’avais à peine déflorée d’un bouquet de roses et de violettes
Ne fais donc pas tant de manières
On se connaît depuis si longtemps.
Est-ce la lumière du jour ou bien ton corps qui enflamme mon ventre.
A ton si doux calice que je boive pour étancher ma soif, éteindre mon feu.
Vite j’étouffe. Mourir d’amour, quelle plus belle mort ?
Je n’aurais jamais osé te demander tant. Tu vas, tu viens, tu repars mais reviens !
Une fois, une fois encore. Une grande vague envahit mon être.
Ne fais donc pas tant de manières
On se connaît depuis si longtemps.
Mon amant d’antan
Mon peintre en bâtiment
Il ne reste de moi qu’un petit tas de cendres
Et quelques fumerolles qui grimpent
Dans une dernière étreinte sur l’échelle du septième Ciel
Comme deux Feux Follets amoureux.
Ramasse mes souvenirs avec ta brosse, avec tes mains
Ne fais donc pas tant de manières
On se connaissait depuis si longtemps
Sous la bienveillance de Saint Ouen
Jettes-moi à la pluie aux vents
De notre cher Vieux Rouen
Mon amant d’antan
Mon peintre en bâtiment
Je t’aimais tant