L'auberge est l'aubain',sa marotte:
Et l'eau n'a pas, bien sûr, la côte.
Il est au quai,il est d'accord
Et le dit-vin a bien du corps.
Dans le bar barit l'orgue et son
Air valorise un baryton;
Le "Bar au Maître" est en ribote
Avec l'anis et l'eau,la flotte.
L'eau tarit dans son gobelet,
C'est vrai qu'il n'aime pas le lait;
Si l'eau rage à Seltz ou Vichy,
C'est que jamais,il n'' les bénit;
Il leur préfère les eaux fortes
Où l'alcool se grave à l'aorte
Et pour que tout,tourne bien rond,
Il se shoote avec des ballons.
C'est bien lui le roi des ivrognes,
Minéral imbibé d'alcool
Au point de s'y noyer,saoulaud,
Jusqu'à la tête et jusqu'aux os !
Il traite les sobres de cave
Et les caves de probité
Pour partir sans aucune entrave
Dans des discours tout imbibés;
Puis levant le coude et la coupe
A ses lèvres et jusqu'à la lie,
Il boit jusqu'à ce qu' l'hallali
Sonne et que l'alentour chaloupe.
L'oeil en larme,humide,il dissèque
D'anciennes histoires de sexe:
Les histoir's d'O,il n'en a cure
C'est,tout du moins ,ce qu'il nous jure.
Il prend son pied à ceux des verres,
Et le ballon est son affaire,
Pour boire un coup, il tir' son vin
Tant il est vain qu'il tir' le sien:
C'est bien lui le roi des ivrognes,
Minéral imbibé d'alcool
Au point de s'y noyer,saoulaud,
Jusqu'à la tête et jusqu'aux os !
Entre deux vins,il prophétise
Que l'eau triche,fuyante,est trouble
Et que s'il voit l'alentour double,
C'est que l'eau de vie le divise.
L'eau,ce n'est bon que pour les femmes,
Pour leur toilette et ,dit-il,dâme,
Ca cocote à Cologne afin
Que Javel ôte ce parfum.
Entre devins,il prophétise
Qu'il s'allume bien éméché
Mais allumé,il s'éternise
Et s'éteint aprés deux gorgées.
Comment prendre de la bouteille
Quand au goût,l'eau il la dédaigne;
Il est saoul,pape,il est saoul,Pierre,
Et bientôt mort l'aura sa bière.
C'est bien lui le roi des ivrognes,
Minéral imbibé d'alcool
Au point de s'y noyer,saoulaud,
Jusqu'à la tête et jusqu'aux os !