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Les oiseaux sont partis comme ils étaient venus.
On a le sentiment d'être en train
de changer de monde. Seul les arbres restent.
La gloire des nuée d'août s'est ternie ;
l'olivier qui tend ses rameaux neufs vers le ciel
le fait sans conviction, il sait que ce n'est plus
d'époque et que les printemps sont tous passés.
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À la grille le chien noir attend un ami
qui ne reviendra plus. Les oreilles dressées
il écoute ce que nul humain n'entend.
Une odeur de bois brûlé monte du vallon,
sinue dans l'air désert à travers lequel s'envolent
les ombres ainsi que fragments de papier brûlé.
Elles aussi partiront comme elles sont venues.
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Ainsi s'en vont nos amis, nos amours et nos rêves.
Le pays que l'on a perdu et qui n'existe plus.
Ce qui pouvait nous retenir, racine après racine,
se détache de nous à la façon de ces fines amarres
des barques de pêcheurs aux anneaux du vieux port étroit.
Déjà l'on sent frémir la coque qui pressent l'instant
de partir en dérive au gré du vent et des vagues en fleur.