Salive de lune
par Salus
Cette intuition que j’envenime clôt,
Des immatures lendemains de suie,
L’amusant babil rhétorique, flot
De ce langage au son mouillé de pluie.
Il faut pourtant que je m’explique : l’art
Vrai que je vise et j’envie est lithique !
Sculptant toujours mes traits sans pennes, l’arc
Sûr de ma joie, où que ma peine oblique,
Lâche au hasard l’heur de ses flèches saoules ;
Héraclès de cahier, bandant si fort,
Avec, sous le papier, l’air noir des goules !
Désert sans faim, pâle, où la Muse dort…
Et j’ai violé des catacombes, ciel !
Hélas ! ne qu'entrevoir cet autre monde,
Depuis la tombe au cloaque abject, miel
D’un or liquide, inaccessible, Om ! Onde !
Dès lors, dans l’abîme à démêler, fou,
Tout de galop, Pégase, en coryphée,
S’échine, pour ailer mon discours, flou,
A fourbir les mots cachés d’une fée…
O, que nous vienne une langue lascive !
Paroles, d’un été réinventé,
Que purifie, étrange chant, lessive,
L’urgence au cri de mon futur hanté !
A trop voir flotte l’œil fatigué ; vain,
Tout espoir creuse un sillon monotone,
Il n’y pousse, aride, qu’un seul plant, grain
Unique, issu d’un esprit catatone.
J’arracherai du vif au réel ! pris
Dans cette trame arachnoïde, ourlée
Par la chrie inepte et d'affreux bruit, cris
De rhéteurs analphabètes ! Hurlée,
Insulte et fâche, aux émois des nuées,
Le gazeux génie aérien, la foi !
La poésie ouvre, aux lettres huées
Toute une vie où l’éternel fait loi.
Musicien, peintre, ou poète épris : - Han !
Dressons la pierre et nos autels de boue !
Sous l’écorce, au magma des volcans, l’an
Zéro d’arts premiers forge un outil, houe,
Pic, rudimentaire araire, pieu, soc !
Qui creusera l’ancienne idée arable,
Notion mordue au temps feulant, dent ? croc ?
Toujours fertile et toujours désirable !
Et nous pourrons danser sous les comètes,
Loups ! L’âme aux lunes, pâles brumes, nous
Réentendrons le chant roux des planètes !
En des nuits sans fond, dans l’œil des cieux fous…
Poème posté le 27/07/17