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Le voyageur inconnu
par Roland


«Voyageur inconnu, que fais tu sur la lande ? Je ne sais qui tu es et j’ignore ton nom. Viens-tu d’un pays froid, de Norvège ou Finlande, Ou d’un pays maudit où sévit un pogrom ? Tu m’as l’air éreinté, tu t’appuies sur ta canne, Et tes chairs sont brûlées aux morsures du vent ; Ton vieux chapeau crasseux couvre à peine ton crâne Et, vêtu de haillons, tu n’es qu’un mort-vivant. Tes mains sont déchirées et couvertes de croûtes. Tu te meus lentement. Je t’ai vu trébucher Le long des chemins creux, parfois au bord des routes Ou dans les sols profonds qu’on vient de défricher. Ta chevelure est grasse et ta barbe bien terne Et tes joues sont creusées par de profonds sillons ; Tu marches dans la nuit sans torche ni lanterne Et tu t’endors dans l’herbe au milieu des grillons. Pourtant, je ne lis pas dans tes yeux la tristesse, Et même, tu m’as l’air satisfait de ton sort ! Je vois en ton regard tout empli de noblesse, Que tu n’as nul besoin d’aide ni de trésor. Mais alors, voyageur, pourquoi cette existence ? Et pourquoi marches-tu claudicant et fourbu ? Tu n’as besoin de rien, ni même d’assistance, Dis-moi quel est ton choix, dis-moi quel est ton but. » « Je fuis l’homme, ce chien, ce loup, ce prédateur Qui se plaît dans la haine et cultive les crimes, Le meurtre, l’incendie, les poisons, la douleur, La fornication dont il atteint les cimes ; Je fuis l’homme friand d’injustice et de geôles Qui aime la torture et l’enfer des cachots ; Il détruit la cité et brûle les écoles Et profane les morts au fond de leurs tombeaux ; Il jubile devant le pillage et la ruine Et les chambres à gaz, l’avortement, le viol, Les trafics de tabac, d’alcool, de cocaïne, Les actes frauduleux, le mensonge et le dol. Je fuis l’homme, ce chien, et préfère l’eau claire ; Je me nourris de baies, de faînes et de glands, Je ramasse parfois quelques pommes de terre Lorsque les paysans les oublient dans les champs. Je mange aussi parfois larves et sauterelles Comme Jean le Baptiste aux rives du Jourdain, Des châtaignes, des fleurs et cueille des airelles, Quelques fraises des bois ou des graines de pin. Quand vient le soir je dors au milieu des clairières, Ou dans un cabanon qui me tient lieu d’abri ; Je n’ai pour oreiller que la roche ou les pierres, Les feuilles des forêts dont je me suis épris. » « Mais quel est donc ton Dieu et quelle est ta compagne ? » « Pour moi Dieu est partout là où l’homme n’est pas, Et je n’ai pour amie que la belle montagne. » « Où vas-tu maintenant ? Où mettras-tu tes pas ? » « Je te l’ai dit! Je fuis l’homme avec ses ordures, Je me préfère seul fumant mon calumet, Sur des chemins perdus, sur des routes plus sûres. » « Reviendras-tu un jour parmi les tiens ? » « Jamais !! »



Poème posté le 20/07/17



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