Je suis né
Les pieds dans la vase, la tête dans les étoiles.
Je suis né
Où le ciel reflète en des lagunes improbables
Son voile imperceptible,
Tel un filet de pêcheur
Qui en friselis éclate,
À petits bruits, la torpeur
Du marais.
Les élégantes herbes des berges marécageuses
Agitées
Par un éternel souffle, qui des mouettes rieuses
Emporte les vocables,
Ondulent dans les eaux noires
Parmi les chaos ombrageux
De nuées de désespoir.
Les hommes ont façonné un paysage hasardeux
Grand dédale
De chenaux, d'écluses, de marais salants, de vasières,
Et ces imperceptibles claires
Où des huitres inlassables
Filtrent entre leurs cils noirs
Un monde mystérieux.
De longues promenades par les âcres chemins blancs,
Poussiéreux,
Quand éloquent et bavard le vent bruit à mes oreilles.
Alors les couleurs se fondent
Et les ondes au soleil
Matinal et chaleureux
Frissonnent en leur éveil.
Je louais pour quelques sous la maison du paludier
De ces lieux.
Au milieu de nulle part, rectangulaire, un étage,
La terrasse sur radier,
Les ardeurs des éléments,
Et la verdeur d'une treille.
Intérieur très rustique, chaise longue et me prélasse,
En contemplant le ciel.