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Au monastère
par Oxalys


Il n’est de vocation plus inique et austère Que prononcer des vœux d’absolue chasteté, Tout juste adolescent, pas tout à fait pubère, Imposer le licol à sa virilité, Condamner les instincts de l’humaine nature, S’estimer bienheureux de leur livrer combat, S’armer d’un chapelet et revêtir la bure Puis troquer ses pulsions contre le célibat, N’avoir pour horizon que les hauts murs du cloître, Et le chemin de croix pour seule distraction, Dormir comme un reclus, ressentir la peur croitre De tomber sous le joug de vile tentation. Sous la coule* rugueuse, assoupi, morne et flasque Gît le crucial objet habité du malin Qui ne connaitra point les désirs et les frasques Procurés par les soins de féminines mains. Sur l’exemple d’Onan, qui s’était condamné A ne plus avoir droit qu’au plaisir solitaire, A son corps défendant, or le membre bien né, Devoir se contenter d’ensemencer la terre. En adorant la Vierge honnir les autres femmes, Porteuses des péchés qui mènent aux enfers, Dont les enfantements ne sont qu’œuvres infâmes Fruits de débauches et d’accouplements pervers. Le tenace appétit pour l’ignoble luxure Est durement puni par le jeun salvateur, L’acte de contrition sert d’ultime mesure Pour chasser le démon du malheureux pécheur. La vieillesse survient comme une délivrance, Un répit provisoire en attendant la fin, L’impotent d’ici là s’abîme en repentance, Dans l’espoir d’adoucir le jugement divin. Quand enfin sonne l’heur de rendre l’âme à Dieu Au son des laudes à l’honneur de feu leur frère Les moines psalmodient : Seigneur, sois généreux Epargne-lui le froid qu’il eut au monastère.

* coule : robe traditionnelle des moines cisterciens

Poème posté le 19/05/17


 Poète
Oxalys



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