Feintises
par Maninred
Et l'homme inventa l'or comme monnaie d’échange
Et sa vie s'embruma d'étranges convoitises
Et les torrents d'eau fraîche et la beauté des anges :
Piètre peccadille sous le joug des devises !
Dès lors, le bleu des mers prend un ton de piscine
Chlorée pour empêcher que la vie ne l’encombre,
Les arbres supprimés à cause des résines
Et des feuilles tombées. Ils ne feront plus d'ombre.
Mais des beaux parasols, mais des dalles béton,
Etouffant une terre où germa le chiendent
Le monde aseptisé sans pollens ni chatons,
Il fait trop chaud, rentrons ! Abritons-nous du vent.
Et l'on se sent poussé vers une étrange pente,
Irrésistible attrait d'une lueur diaphane,
Où le monde est filtré de pâleurs décevantes,
Subterfuge addictif de l'écran cellophane.
Les rêves superflus prennent alors les rennes,
Induits par des envies absurdes, versatiles,
D'images fabriquées injectées dans nos veines,
Appâts subliminaux d'un éden hydrophile.
Ainsi hameçonnés, à l'abri de la houle
Des généreux printemps plein de fleurs oniriques,
Nous jouons du clavier, affranchis de la foule,
Goinfrés de placebo, d'artéfacts numériques.
Armons-nous de vaillance et combattons ce leurre !
Le vrai sens de la vie est porté par la brise
Par la pluie déposée sur les arbres en fleurs
Par le ciel infini, que des couleurs irisent.
Rejetons l'argutie et les mauvais conseils
Qui poussent l'indigent à une vie recluse.
Dérangeons les oiseaux, profitons du soleil,
Touchons les mains des gens, évitons les excuses.
Qu'importe le confort de ce luxe factice
Lorsqu'on peut s’émouvoir de l’ampleur d’un paysage.
Le temps de palpiter parmi les fleurs de lis
Des amours des pinsons et des émois sauvages.
Les ors ont le pouvoir de façonner le cuistre
Dans la molle torpeur d'illusions infligées.
Printemps, hiver, été, automne aux couleurs bistre,
Saisons enchevêtrées, je suis votre obligé...
Poème posté le 20/04/17