Un pré-président
par Aros
J’en ai vu des campagnes(1) au centre des villes,
Des visites bidon auprès des métallos,
Des gestes enjôleurs vers un peuple fragile,
Des discours fallacieux montant sous nos drapeaux.
Ils promettaient la lune, le ciel, que sais-je encore,
Du pain pour tout le monde, un boulot pour chacun,
Mais atteindre cela demandait un effort,
Fallait travailler plus pour un SMIC aigrefin.
Ecoutez-les beugler nos ténors pathétiques
Qui crachent leur venin sur le copain d’en face,
T’as fait ci, pas fait ça, voilà la rhétorique,
Ils bernent l’opinion d’une réelle audace.
Depuis cinquante années j’entends leur beau discours,
Depuis cinquante années mon espoir est frustré,
Depuis cinquante années le fardeau est trop lourd
Pour les petites gens de notre société.
Il me vient, cependant, une idée formidable.
Avant sa présidence notre grand gagnant
Quittera sa pelisse et sa vie de notable
Pour aller voir comment on vit en subsistant.
C’est pendant cinq années, d’actions préparatoires,
Qu’il deviendra smicard au cœur d’une citée,
Chômeur désabusé croulant sous le pouvoir
D’un pôle-emploi stérile épris d’austérité.
Ou peut-être éleveur n’épargnant pas sa peine,
Réveillé dans ses nuits par un vêlage ardu,
Avec au bout du compte une dette qui traîne
Sa vie discréditée en un monde perdu.
Promu, ce président concentré sur son rôle,
En forgeant le respect, l’égalité des classes,
Contre toute pression, calomnie, faribole,
Balaiera d’un seul trait le profit des rapaces.
En attendant je garde une étude exhaustive,
Pour qu’un jour mon idée soit votée à la chambre(2),
Au sénat ou ailleurs dans la joie collective,
Avec des partisans, je l’espère, en grand nombre.
Mais je le crains je rêve ainsi qu’un utopiste,
Le valeureux élu oubliera ses serments,
Comme à l’accoutumée c’est le pauvre lampiste
Qu’il saignera à blanc sans le moindre tourment.
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1 - Campagnes électorales
2 - Chambre des députés
Poème posté le 03/03/17