Accueil
Thème du mois / Tous les thèmes / MIROIR / Un sang d'encre

              
Thème du mois / Tous les thèmes / MIROIR / Un sang d'encre

         
Thème du mois / Tous les thèmes / MIROIR / Un sang d'encre


Signaler un contenu inaproprié.

Un sang d'encre
par Banniange


Au Soudan fisssuré de plaies sanglantes Qu'entrouvrent les morsures du désert Où les mages envoûtent ces vipères S'immiscant dans le ventre des orantes, Régnait en despote Yacoub le dolent, Plus féroce que le scorpion des sables, Raffiné en tortures effroyables Qu'il exerçait sur ses sujets rampants. Il avait asservi un nécromant, Un sorcier sournois et suffisant Qui, sur les épaules, gardait sa tête Par un enchantement inoubliable, C'était ce miroir d'encre inconcevable Où le vizir formulait ses requêtes. Les quelques gouttes versées sur la main, Un talisman, des vapeurs de benjoin, Des invocations aux Ifrits et Ghouls, Ces démons sacrés que la nuit refoule, Lui permettait d'observer les images Dans sa paume ouverte comme une page. Ainsi penché sur cet écran magique, Il vit les plus belles mosquées d'Afrique Aux coupoles resplendissantes d'or, La pierre noire née des météores, Les Bouddha replets de Borobudur Occultant les turpitudes du jour, Savoura ces jardins aux mille délices Où s'abandonnent des vierges lascives, Quand il aperçut cette ombre furtive Qui contraria ses onctueux caprices. Las, comme une vague tempétueuse, La curiosité supplanta sa peur, Samarcande et Zanzibar si précieuses Lui offrirent leur suave torpeur L'encens puissant, le santal épicé, Le Zaatar grisant,l'anis étoilé, Le musc écoeurant des sueurs d'esclave L'enivraient comme la liqueur d'agave Mais le spectre masqué se tenait là Partout il le suivait et restait coi, Kafir, le magicien le redoutait, Se confiant au maître, le suppliait De cesser ces voyages maléfiques. Mais le tyran devenu hystérique Exigeait de voir toutes les splendeurs, Alors le masque dans sa main grandit Et sur son visage, en grande frayeur, Se colla puis l'étouffa sans un bruit. Quand on le lui arracha en douleur On ne découvrit qu'un crâne hurleur.

Inspiré d'une nouvelle de JL Borgès.

Poème posté le 17/01/17


 Poète
Banniange



Sa carte de visite Cliquez ici pour accéder à la carte de visite de l'artiste (Sa présentation et l'ensemble des ses créations)





.