Le carillonneur de l’île
par Claudel
(Métrique: 11 syllabes)
I
Il jouait du carillon tous les dimanches
Pour les âmes pieuses des îles blanches;
Dans ce prieuré aux cloches affolées,
Le musicien jouait ses airs martelés.
Sa musique vibrait de la nef au chœur
Et son âme esseulée tourmentait son cœur.
Épris d’une belle et jeune paroissienne
Qui venait à la messe chaque semaine,
Le sonneur de cloches rêvait constamment
À sa charmante dévote au cœur dormant.
II
Les dimanches avant l’office divin,
Il faisait risette pour sa douce en vain;
Ensuite, il carillonnait son contre-chant
Dans l’espoir de la conquérir sur-le-champ.
Malgré son talent et sa fougue amoureuse,
Son bel art n’atteignait pas la vertueuse;
En voyant la belle au caractère rosse
Lui infliger torture à son cœur d’Éros,
Il partit après sa grande prestation
Dans une folle utopie de damnation.
III
Un jour, sachant qu’elle s’était mariée
Au fils du notaire au mois de février,
L’artiste aux cloches cessa net de jouer
Sur ses stupides clochettes enjouées.
Un soir, devant son carillon silencieux,
Il méditait affairé d’un air soucieux;
La nuit, voyant sa torpeur au regard vide,
Il mûrit une arrière-pensée avide;
Au matin, sa bien-aimée vit attaché
Le carillonneur pendu à son clocher.
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Tous droits réservés © Claude Lachapelle / 2017
Poème posté le 08/06/16
Poète