Aux flancs rouges des Milles Collines
par Hurlevent
Aux flancs rouges des Milles Collines
Aux aubes chancies de pluie saline
Gémissantes, les herbes sous les pieds
Blessent les pas de cris et de pitié
Entendez ces plaintes inébriantes
Tandis qu’aux arbres les drisses luisantes
Dans l’air étrange pendent encore
C’est qu’en leur shéol attendent les morts
On se souvient de ces Belles crépusculaires
Aux altiers balcons en demi-lune
Aux rires aussi larges que les blanches lagunes
Longues, ruisselantes et laiteuse rivières
Mais l’air un jour les voix équarrissent
Les cerveaux matassins dans les ondes sélènes
Pourrissent, ne laissant sur le champ des supplices
Que les éclats osseux de l’âme humaine
C’est là qu’attendent les morts
Las, en l’écrin profond du cœur des vivants
Sous les chemins, alignés les morts
Attendent leur second printemps
Il était des enfants aux bouches fleuries
Les yeux d’herbes des coteaux envahis
Les voix comme des fenêtres ensoleillées
Pleines du chant léger des pluviers
Puis un jour le vent lève ses hordes
Des jardins amis s’envole la miséricorde
Mon ami dans tes mains que serres-tu?
Dans tes yeux noirs une frontière s’est abattue
Ces ans, les morts dans leur noire patrie
Attendent, dormeurs sans cri
Que de leur sang soit donné le prix
Aux bourreaux qui, dans leur sommeil leur ont pris
Ton pied tremblait au creux de mes mains
Mes mains légères comme un passereau sur tes reins
Cependant, je t’ai bien reconnu dans l’hurlante escorte
Et maintenant me voilà totalement morte
Des corps penchés perdaient leurs âmes
Les rires tranchés sur les lèvres
Les coquelicots fleurissant hors des plèvres
Troupeaux de sang dans des champs de larmes
Belles dames des consolations
Qu’attendez-vous au bord des chemins?
Qu’attentez-vous sinon le pardon
Des hommes à leurs prochains?
En mémoire du génocide Rwandais
Poème posté le 22/05/16