Il l'a frappé en plein bonheur,
Quand l'insouciance la berçait.
Cet étranger qu'est le malheur
Et bien plus fort qu'i n'y paraît.
Un triste sort s'est abattu
Comme une pluie sur l'espoir,
Un ciel à jamais dévêtu
Où même le soleil est noir.
C'est dans ce gouffre effrayant
Qu'elle mènera ces combats,
Des pâles lueurs éclairant
Son chemin aux pas délicats.
Pieds et poings liés dans sa tombe,
Cœur broyé mais âme qui vibre,
Dans la beauté d'une colombe,
Elle s'envole de l'enfer, libre.
La fatigue de l'après-guerre
Lui donne des airs de vieillesse,
Mais son allure est altière
Dans sa démarche de déesse.
Quand on a affronté la mort,
La haine ne sert plus à rien.
Et l'on accepte sans remords
De n'être qu'un pauvre humain.