La poésie qui se maquille
par Madykissine
La poésie qui se maquille
Avant de prendre la bastille
Étonne les jeunes romans
Qui vendent leur corps décharné
Sur les rayons désenchantés
Comme si c'était de l'or blanc.
Mais chez les marchands de bonheur
Il reste encore des voleurs.
Ils parlent de la nouveauté
Sur les genoux des grands récits
Dont les arguments sont rassis
Dans leurs jolis feuillets glacés.
La poésie qui se maquille
Alimente les vieilles filles
Qui sourient aux mêmes effets
Depuis tant et tant de printemps
Qu'on les regarde, sur leur banc,
Dire aux pigeons leur alphabet.
Il arrive qu'on abandonne
Un mot qui n'est là pour personne
Et cela fait, dans le journal,
Une manchette du tonnerre
Qui fait tout le tour de la terre
Avec un chapeau magistral.
La poésie qui se maquille
Pour cacher ses pauvres guenilles
N'a que faire des annonceurs
Qui décernent le prix du jour
À leurs logeurs et petits-fours
Aux amis de leurs éditeurs.
Qu'on la laisse faire cent pas
Dans la rue Scribe en pyjama
Pendant que les rêves perdus
Jouent leurs loisirs au casino
Qui jamais n'ont vu les oiseaux
Sur les branches, bien entendu.
©M.KISSINE – ISBN 9782919390311
21 février 2016
Poème posté le 21/02/16