Autrefois des cousettes, de dentelles et de soies,
Concevaient les ?crins des tr?sors f?minins
Et les audacieux ?prouvaient bien des joies
? se faire accepter en de si doux chemins.
Luxueuse demeure au d?licat satin
L?acc?s se m?ritait avec quelque ?l?gance
On ne franchissait pas le tissu doux et fin
Sans avoir convaincu d?habile bienveillance
Des mots ambassadeurs s?effor?aient de s?duire
On devait faire germer un subtil sentiment ;
Acc?der au secret sans se faire ?conduire
Exigeait de doser un lent acharnement.
Les sens intrigu?s peu ? peu s??veillaient
On se touchait les mains lors d?une promenade
Les bouches tendrement au baiser s?essayaient
L?aubade devenait par bonheur s?r?nade.
Les parfums, les saveurs, r?pondant aux ardeurs
On se grisait alors de conqu?tes tactiles
La vue de nudit? promettait des bonheurs
Et les avidit?s devenaient plus subtiles.
Dans le secret d?alc?ve un feu pr?m?dit?
Lib?rait l?amoureux complot de son attache
Et l?on donnait du temps ? cette affinit?
Qui enchante les corps quand plus rien ne se cache.
Muri par le d?sir un bonheur progressif
Conduisait aux sommets les savoureux hommages
Et le feu retenu devenant incisif
Un ?panouissement exaltait les partages.
De nos jours le phallus devenant doctrinaire
Fit ce cet autre temps une banalit?
On ne fait plus l?amour on conclut une affaire
La passion devient une inutilit?.
Et chaque magazine imprime une recette
O? l?orgasme se vend le samedi matin
Le coach sexuel dont on peut faire l?emplette
Vous dira du point G le d?licat chemin.
Le rite corporel devenant animal
On n?en oublie un peu sa sublime nature
Les ?changes rapides en devenant banals
Donnant peu prenant plus font bien triste figure.
Les cousettes, alors, riv?es ? leur machine
De strings ? la mode b?clent des quantit?s
Et gardent des dentelles qui viennent de la Chine
Pour voiler le secret de leurs intimit?s.
Pour le doux privil?ge existe-t-il encore
Ourdissant des complots de d?licats plaisirs
Des amants sachant dire aux dames je t?adore
Et pr?ts ? se donner pour mieux appartenir.
"Que les temps sont chang?s !"
(Athalie, Racine)