C'est du ciné...
par Alby
Sur les cailloux de l'enfer
Elle court, elle fuit
Entre les bombes
Par les décombres
Avec dans ses bras, son petit
Sans vie
Sa bouche cendres et pluie
N'est qu'un long, très long cri :
« Ils me l'ont tué, ils me l'ont pris ! »
Hé ! retiens tes pleurs, Mama
C'est du ciné... du cinéma !
Devenu fou, il a vu rouge
Rouge mort, rouge sang
Le sang de son amour, toute sa vie
Qui gît là
Devant lui, au bout de son fusil
Au matin, sur l'oreiller
Un méchant petit bout de papier
Disait : « Adieu, je pars, ne t'aime plus
Il faut me pardonner ».
Hé ! Respire à fond, Lola
C'est du ciné... du cinéma !
La milice est venue
Leurs parents sont partis, la mitraillette
Au dos
L'un en l'autre blottis
Deux enfants silencieux
Tremblant de tout leur corps
Fixent, l'oeil agrandi
Les tasses de café
Qui ne seront pas bues.
Hé ! Reprends tes couleurs, papa
C'est du ciné... du cinéma !
A peine un souffle
Elle ne sait plus ni qui elle est
Ni ce qu'elle fait, là, sur l'herbe souillée
Sa robe déchirée
Les membres écartelés
Les yeux grands ouverts sur un ciel délavé
Une longue agonie
Monte de son ventre
Meurtri.
Hé ! Rythme ton coeur, Lydia
C'est du ciné... du cinéma !
Du cinéma ?
Quel cinéma ?
Ô toi, grand réalisateur de l'Univers
Metteur en scène de toutes vies, de tous revers
Où que tu sois
Qui que tu sois
Si tu existes
Déchire tous ces scénarii
Qui trop endeuillent, si dépolis
S'il te plaît, une bonne fois
Arrête tout ce cinéma !
Poème posté le 01/12/05