Fiurimbina s'en va, seule sur le sentier
Dans les bois de Tavéra elle est allée glaner
Des branches du bois mort en ce jour froid d'octobre
Un grand châle de laine au-dessus de sa robe.
Ses lourds cheveux de jais sont noués en chignon
Une coiffe très sage ombrage son beau front
Une fine croix d'or brille sur sa poitrine
Et le grand châle noir cache une taille fine.
Au logis est restée sa mère près de l'âtre
Elle vieillit très mal et devient acariâtre
Fiurimbina s'échappe aussi souvent qu'elle peut
Mais la joie et l'espoir ont déserté ses yeux.
Fiurimbina est jolie, les garçons le lui disent
A travers des regards qui la troublent ou la grisent
Mais comment échapper au devoir familial
Et trouver un amour au-delà du banal?
La pure Fiurimbina rêve d'un bel amour
Peu importent l'argent, les robes de velours
Elle veut seulement qu'on l'admire et qu'on l'aime
Malgré son triste sort, elle espère quand-même !
Et la pauvre esseulée rêve tout en marchant
Mais de quoi rêve t'elle en son âme d'enfant?
On peut voir dans ses yeux une douce lumière
Tandis qu'elle s'en va glanant dans les clairières.
Peu à peu la voici s'enfonçant dans les bois
Le brouillard est tombé, la mettant en émoi
Le vent glacé transit l'épais brouillard d'automne
Et sous son châle fin, Fiurimbina frissonne
Les sentiers familiers soudain ont disparu
Sous le laiteux brouillard qui monte jusqu'aux nues
Le vent vient engourdir les mains de la pauvrette
Fait trembler le fagot arrimé sur sa tête
Sa marche se poursuit, hésitante et peureuse
Et les cris des corbeaux effraient la malheureuse
Qui n'a plus de repères et s'enfonce toujours
Dans les bois envahis par ce brouillard si lourd !
Son cœur bat la chamade, affolée, elle s'arrête
Et se laisse tomber comme une pauvre bête
Traquée au fond des bois par d'horribles chasseurs
Se laissant submerger par l'angoisse et la peur.
Quand on la retrouva au bout de quelques jours
Les feuilles avaient fait un linceul de velours
A son corps endormi sous l'ultime froidure
Qui avait apaisé enfin cette âme pure...
Et vers ce bois maudit pour conjurer le sort
Et n'oublier jamais le spectre de la mort
On jetait en passant au vent du souvenir
Quelques branches sous l'arbre où elle alla périr !
"Scaldà te Fiurimbina" (Chauffe-toi, Fiurimbina ) devait-on psalmodier en jetant le bois à la mémoire de la pauvre enfant.<br />
<br />
Légende corse