Fleur d'oranger
par Aodren
J’ai trouvé sur un chemin de terre une petite fleur d’oranger
Si gracieuse que je ne pus m’empêcher de la personnifier.
J’ai vu en elle l’éclat scintillant du regard de ma fille disparue
Qui semblait me demander pourquoi diable je ne marchais plus
J’ai eu beau lui expliquer le poids de la douleur
La barbarie du spectacle des artistes inconscients
Se promenant sur un fil, loin des craintes, loin des leurs
Et amusant la galerie d’autres esprits distants.
La réalité, me dit-elle, est que je les envie
Car du clown, ne me reste que les yeux rougis.
Elle me dit qu’elle ne peut m’aimer qu’en costume
Et qu’elle ne veut pas se voir ailleurs que sous ma plume.
Elle me dit que son corps restera toujours poussière
Mais que subsiste dans mon cœur l’essence d’orange amère
Qui parfumait ses crêpes fumantes du dimanche matin
Quand le soleil perçait encore de ses rayons carmin.
J’ai remis mes souliers taille cinquante deux,
Mon nez rouge et mes bretelles vertes et bleues
Sur la piste aux étoiles, j’ai saisi les mains tendues
Et j’ai pleuré parfois…pourquoi ? Je ne sais plus.
J’aurais voulu, c’est vrai, que tu te moques de moi
De mes tempes qui grisonnent et de mes os qui craquent
Mais je sais aujourd’hui que derrière chaque pas,
Il y a ton rire qui résonne lorsque la peur me traque.
Je retourne souvent sur ce chemin de terre,
Qui t’aura fait renaître un instant naufragé
Et puisque j’y suis libre, je demande à ta mère
De lancer dans les airs une fleur d’oranger...
Poème posté le 01/04/12