Dicton corse
par Gkak
Un Corse fort âgé
S’interroge et se tâte
Contemplant, sans entrain, son vaste potager
Qu’il voudrait retourner pour semer des patates.
Il écrit à son fils, Toussaint, - et non Hercule -,
Le priant de venir sur le champ, - mais sans hâte -,
L’aider à préparer le lit des tubercules.
Le fils, que tout effort atterre
Ne se voit pas semeur, fût-ce en pommes de terre.
Mais comment refuser à son vieux paternel ?
Il se met au clavier et rédige un courriel
Qu’il envoie par erreur, bien sûr involontaire,
A Monsieur le Préfet, avec copie au Maire.
« Père, ne risquons pas le double lumbago
Pour un champ où les pierres ont valeur de magot.
Je me dois par ailleurs d’ajouter la prudence
A ce conseil d’un fils que l’exil tient en France :
Gardez-vous de bêcher où mes amis, - des braves -
Ont enfoui des 'bâtons' où vous voulez vos raves. »
Dès l’aurore s’amène
A l’entrée du vieux bourg
Tout le G.I.G.N
Qui transforme l’enclos en un champ de labour,
Eventrant le terrain, - tel le douanier en fouille
Multiplierait les trous au cœur d’un traversin -
Pour repartir au soir, éreintés, mais bredouilles.
Devant ces longs sillons parfaits
Le vieux Corse, mains au bassin,
Se demandait qui laboura
De son fils ou bien d’une fée.
Si vous êtes dans l’embarras
Croyez le dicton de Toussaint :
Aides-toi, et l’e-mail t’aidera.
La blague n'est pas de mon cru. Les vers le sont.
Poème posté le 22/08/18
par Gkak