Ou sont mes rêves quand le murmure du réel
S'est vu tel un styx emporter ma raison ?
Et que deviennent alors tous mes horizons
Quand la chimère fait festin de mes ailes ?
Je suis de ceux que le hasard a fait naître
A l'heure des vivants encore endormi,
Je suis tout entier au fantasme asservi.
Ou sont mes rêves alors, quand Morphée est mon maître ?
Où sont passés mes rêves
Noyés comme mille enclumes
A hurler à la lune
Que me vienne la relève.
Où sont passés mes rêves
Quand aspirés par Babel
Mes mille démons chancèlent
Ma mémoire s'enlève...
Aux absinthes se mêlent à mon corps engourdi
La douce chaleur d'un soleil au couchant,
En proie éveillé aux sirènes et leurs chants,
Je fantasme, puisque vous l'appelez ainsi.
Où sont les rêveurs à l'aube de cette ère ?
C'est bien la solitude qui alarme mon mépris
Envers ceux qui toujours veulent se faire esprit
Qu'il n'est de lendemain qu'aux deux pieds sur la Terre !
Où sont les rêves enfin qui sommeillent en nous ?
De l'enfance, et le théâtre, et le divin,
Nous armant autrefois de glaives et boucliers vains,
Comme pour nous garder de souvenirs jaloux.