La rumeur
par Laurent7869
L’entendez-vous le son naissant ?
Au courant d’air évanescent
L’entendez-vous s’y agréger
S’y blottir et s’y protéger
Léger comme le jet d’un geai
L’entendez-vous bruisser l’orée
Du bocage et de la forêt ?
Comme le vent caresse au seuil
Des bois les rameaux du cerfeuil
Et l’effeuille de feuille en feuille
L’entendez-vous le souffle pur ?
Qui coulisse au long des épures
Du jour éteint en recherchant
Une voie sous les cieux couchants
Pour son chant chevauchant les champs
L’entendez-vous donc le murmure ?
Buter bientôt contre les murs
De la ville obstacle incongru
Sur sa trajectoire apparu
Le son se rue de rue en rue
Il va sifflant, cognant, frappant
Contre les parois les tympans
Il va rampant comme un serpent
Volant en suspens comme un paon
Il se répand de pan en pan
On dit que peste et choléra
On dit que lèpre et cetera
On communique et on discourt
On dit, on entend, on accoure
Et le bruit court de cours en cours
Sous les ponts, les voutes, les arches
Par l’escalier de marche en marche
Le bruit se propage et chantonne
Le long des avenues piétonnes
Le bruit détonne, étonne et tonne
Puis l’entendez-vous redescendre ?
Bientôt comme une nue de cendres
Ce son qui palpe ça-et-là
Ce bruit qui s’efface c’est la
Rumeur qui de rue en rue meurt
C’est son destin de ritournelle
De n’être jamais éternelle
L’entendez-vous l’enchantement
Qui se dissipe lentement
Vraiment frêlement, doucement ?
Comme un arôme qu’on encense
Comme une chanson de l’enfance
Il a eu sa notoriété
Il a vécu, il a été
Et se tait d’été en été
Son maigre émoi mois après mois
Est fané d’année en année
Mais on l’entend de temps en temps
De temps à autres
Parfois
Plus.
Poème posté le 10/10/17