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Médico drame
par Rimatouvent


De l’acte médical dont l’utile secours Se trouve retardé par les cardio-détours ! J’étais à l’agonie et vous n’en n'aviez cure Les vacances négligent des autres les tracas, Pour me venger j’écris un poème qui dure Vous le lirez ou non je ne m’en soucie pas Philosophiquement peut-on rire de tout ? L’humour est un Janus, tout dépend de la face Que le sort vous présente au gré du temps qui passe. Le sourire par moment cesse d’être un atout. Et pour mieux contrôler les humeurs de l’instant, Homère de pacotille, à la rime morose, Je m’en vais essayer de broder sur la chose. Écrire est un moyen d’être, à tout, résistant. L’iliaque et l’odyssée (Épopée coxalgique) I Il m’arrive d’encrer quelques papiers divers, Les muses ayant, parfois, des sentiments pervers. Laissent aller ma plume un peu à la dérive Ou vengent le matheux qui de lettres se prive. J’occupe ma retraite en de petits écrits Que je fais sans talent vous m’en voyez contrit. Or le destin venant me rendre coxalgique Je rime par défi ma douleur organique Et cherchant la césure en chambre hospitalière Je transcris mon malheur sans excès de manière. Voila donc le récit d’un boiteux rimailleur Auquel la chirurgie offrira le bonheur II Soixante dix sept ans toujours tintinophile Ma hanche, sottement, à droite se défile. La gauche ayant subi sa restauration Du chirurgien j’attends une même action. Hélas la médecine aux amours admirables Exige bien souvent de nombreux préalables Et les raccommodeurs de boiteuse santé Subissent les tracas de la complexité. La prudence du temps veut un préliminaire Avant, que chirurgie n’ait l’acte salutaire. Comme il faut cependant sourire un peu de tout Je vais vous disséquer l’histoire de bout en bout. III Tirons le premier fil de la situation Où le trouble rejoint la complication Et le problème étant quasi labyrinthique Ne nous épuisons pas à chercher sa logique. Le sablier du temps, granuleux préambule, Fit un inconvénient qui me désarticule. Car n’étant du destin qu’une boule mobile Je le subis, restant quelque peu indocile. Enfin, pour dire au mieux les soucis de la chose, Il me sembla plus gai de déserter la prose. Je ne vous conterai ni corbeau, ni renard, Mais de ma hanche droite un grand besoin d’égard. IV La gauche, par l’action de l’art chirurgical, Retrouva sa santé qui était au plus mal Mais en préliminaire à la juste incision On avait vérifié, du cœur, la précision. En pratiquant un test à la dobutamine (1) Qui avait confirmé que pompait ma machine, Que l’effort s’obtenait lors d’un brin de systole Suivi pour son repos d’un soupçon de diastole. La chirurgie, ensuite, intervint sans retard, Et ma hanche fragile, eut un nouveau départ. Hélas ! L’autre, de droite, osa me mettre à mal Clamant que je serai, à court terme, bancal. V Il eut été plaisant de livrer le combat, Comme la hanche gauche l’avait mené, déjà, Mais dans l’emploi du temps médical du moment Il y avait hélas un fol encombrement. Dobutamine n’avait pas de places vacantes. Il fallait des techniques peu ou prou remplaçantes Et la cardiologie en quête d’argument Du scanner-coronaire (2) avança l’agrément. Le malade n’étant qu’âne non diplômé Doit se laisser guider par dame faculté. Et donc on me scanna oreillettes, ventricules, Pour voir si mes canaux choyaient bien mes globules. VI Hélas, hélas, hélas, et quatre fois hélas Du calcium avait laissé de vieilles traces Le calcium-blooming (3) si cher aux anglophiles, Empêchait de juger mes coronaires agiles Et l’ininterprétable, avec un grand culot, Dit :je ne vois que goutte en vos cardio-tuyaux. Il est vrai qu’à mon âge, et d’un stent porteur Depuis vingt deux ans, on pouvait avoir peur Que ce maudit calcium qui écrit au tableau S’en vienne perturber du cœur les vidéos. Dans un élan final dame cardiologie Se mit à suggérer « coronarographie » (4) VII Me voila derechef sur la table où l’on voit Dedans mes coronaires une nouvelle fois. Le temps est à l’été et la salle est si fraîche Que l’on y gèlerait les noyaux d’une pêche. Mais je pensais : enfin on va pouvoir me dire Si, par le biais du cœur, le mal de hanche expire. Or, je ne sais quel Dieu ennuyant Esculape Rien ne fut terminé ! Ce n’était qu’une étape. Car deux humbles sténoses ornant les pellicules Montraient maux anodins ou troubles majuscules. Et quelques lésions non significatives Étaient soit négligeables, soit choses maladives VIII Une dame logique au rationnel discours, Avança un avis offrant nouveaux recours «Faudrait-il faire un test à la dobutamine. Molécule disant l’excès de calamine ? » Si tout se passe bien, une hanche nouvelle Opérée promptement danse la tarentelle, Si les sténoses avouent qu’elles sont des dangers Il faut les dilater avant hanche-changer. Et voila donc pourquoi je dois encore attendre Dobutamine ou bien coronaires à distendre ! Le temps est un grand maitre a-t-on dit bien souvent Mais il tue ses élèves c’est très démotivant ! IX De la réflexion jaillissait la lumière On pesa l’embarras de la juste manière. Du dobu (1) ignoré on oublia le cours Les sténoses pouvant couver de sales tours. Une date à venir dirait quand on m’explore Et si mon myocarde en stents(5) se décore. Ou bien, si dilatant mes rétrécissements, On fait mon palpitant s’irriguer librement. Mais il faudra trois mois après ces bons travaux Pour que hanche-bistouri se rencontrent à nouveau. Et qu’on me dise enfin : on y va sans tarder L’ennui cardiologique a trop fait retarder. X Ma hanche dépendant du planning médical, Ce mal persévérant me mine le moral. Et mon ressentiment de la difficulté Doit s’accorder, contraint, avec la faculté. Il me reste à attendre un nouveau rendez-vous Qui rationnellement m’en ferait voir le bout. Car dans mes coronaires où dorment les sténoses Une dilatation préviendrait les cyanoses. Puis j’attendrai trois mois privé de gymnastique : Le myocarde sain, mais toujours coxalgique. Enfin viendra le jour où la cause première Verra du chirurgien l’efficace manière XI Donc on a décidé de lorgner en détails Les tuyaux ce mon cœur ainsi que leurs portails Car dans les étroitesses, aux rives restrictives, On mettra des outils aux œuvres décisives Et gonflant des ballons tels des enfants en fête On ouvrira l’étroit qui aux soucis s’apprête. Coronarographie est chose touristique Par l’artère on parvient au but myocardique Et pour mieux repérer les déformations On filmera du cœur les imperfections. Et le vingt cinq juillet l’assaut cardiologique Entrainera trois mois d’attente coxalgique. XII Me revoilà au frais ayant un œil magique Qui de mes coronaires contemple l’esthétique Passant par une artère on glissa l’espion Qui allait décider de mes dilatations Et comme mes virages se trouvaient encombrés De trois ressorts subtils ils furent re-calibrés. Puis un traitement neuf à l’ancien s’ajouta Afin que mes plaquettes de s’agglomèrent en tas Censé être plus neuf mon néo myocarde Ne va plus tolérer que ma hanche s’attarde, Bien qu’il faille du temps pour que je récupère Le mal qui persiste à la fin exaspère. XIII À moins que, d’ici là, quelques soucis nouveaux Osent d’un spécialiste exiger des travaux, Il serait sympathique, avant que je décède, Que l’on traitât ma hanche avant qu’elle ne cède. J’aurais été un cas d’une urgence notable M’aurait-on imposé un si long préalable ? Et la dernière marche en l’étrange escabeau, Eut-elle été gravie, alors, un peu plus tôt ? En conservant le but dans le viseur logique, Aurait-on avancé l’examen coxalgique Afin que disposant du contrôle idéal L’anesthésiste dise : endormons l’animal. XIV Je me demande si l’accident majuscule Eut permis l’action sans trop de préambule. Et si la médecine apte à bien des miracles Par un excès d’acteurs n’affadit les spectacles. La médico-saga m’étonne voila tout Si le malade a mal, quand en voit-il le bout ? Un lettré vous dira «ces chose là sont rudes Il faut pour les comprendre avoir fait des études » (6) « La parfaite raison fuit toute extrémité Et veut que l’on soit sage avec sobriété. » (7) Mais le cardio-UBU qui me désorganise Laisse voir un système où logique agonise. XV On me rétorquera que la santé sature Que ses praticiens sont victimes d’usure Et que certains fâcheux n’avaient pas vu venir Le manque d’Asclépios qui allait survenir. Car le temps de l’humain étant plus long à vivre Il fallait bien aider le grand âge à survivre. Gardons aux médecins leur esprit de logique Leur art doit il subir la sotte politique ? Et redoutons d’avoir, dans un monde futur La faculté lumière aux ordres de l’obscur. Faudra-t-il que se lève un Éole pamphlétaire Pour qu’’Hygie s’harmonise au juste nécessaire ? (1) Dobutamine : test d’effort par injection d’un accélérateur cardiaque quand l’exercice physique n’est pas possible. (2) Coro-scanner ou scanner coronaire : examen permettant de visualiser les artères coronaires par injection intraveineuse d’un opacifiant iodé et contrôle photographique, tridimensionnel, de leur état. (3) Calcium blooming : opacification des images par le calcium déposé sur les parois des coronaires rendant l’examen souvent non interprétable. (4) Coronarographie : technique d'imagerie médicale pour visualiser les artères coronaires en cas de suspicion de maladie coronarienne. Examen médical invasif utilisant les rayons X et l'injection intra artérielle d'un produit de contraste iodé. (5) Stent : dispositif, le plus souvent métallique, maillé et tubulaire, glissé dans une cavité naturelle humaine (artère coronaire par exemple) pour la maintenir ouverte. (6) Victor Hugo « Les Pauvres gens » (7) Molière « Le Misanthrope »



Poème posté le 22/08/17


 Poète
Rimatouvent



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