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Poésie libre / Le printemps et l'été
           
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Le printemps et l'été
par Kero


par Kero


Portant un manteau long et noir, invisible carapace pour tout passant qui ne sait voir que le vif, la couleurs. Je marchais dans les rues, pieds nus, m’arrêtant dans un coin sombre, peu éclairé aussitôt que mon pas léger était entendu. Je ne voulais pas que les gens me voient. Pas que je les craigne, non !; mais je voulais voir leur regard sans brouiller leur vision par ma présence. Ou qu'ils ressentent un jugement quelconque de ma part. Je n'étais pas à la découverte de l'être humain, Pas à la recherche des travers, des défauts de l'homme, de la femme, non. Je voulais voir les regards, dans le profond de leur pupilles, leur âmes. Souvent, en me collant aux murs, j'ai vu des gens passer avec des regards si tristes que le ciel s'assombrissait au dessus d'eux. Moi même, voyeur par excellence dans ces moments là. Mes yeux partaient vers la larme obligée. J'ai même vu un couple dans une rue de soleil en plein milieu du printemps. Ils ne se tenaient pas la main, ils avaient comme du gris sur eux. En moins d'une minutes j'en vis encore un autre, puis un autre. J'ai remarqué plus loin aussi un jeune homme, cartable à la main, revenant du lycée. Son regard était cloué sur ses chaussures, l'air perdu... Le monde était peuplé de cœur gris... J'avais l'impression de m'être endormi, puis sans le savoir, voyagé longtemps et m'être débarqué dans un monde autre que sur la terre. Un monde ou l'ennui et seul maître. Ou l'amour est subalterne, où dire "je t'aime" deviens blasphème et puni par la loi. Non!, j’étais bien sur terre. Je ne pouvais pas voir cela plus longtemps. -Mon dieu!!! criais-je bouche fermée. Ma tête résonnait sans la moindre réponse divine. Ce n’était pas une question formulée mais un cri de désespoir. Un cri qui partait de mon cœur et qui ne prit aucune autre direction que mon cœur. Il fit un tour sur lui même comme moi, je me suis retourné d'eux. Je me suis caché les yeux, le front appuyé sur la brique rêche du mur sale de la rue. Nous étions bel et bien au printemps et pourtant je sentais en mon cœur et tout autours de moi un automne des plus glacial. un automne pluvieux comme cela ne devrait pas exister. Je ne voulais pas ouvrir les yeux. Je ne voulais pas revoir ce monde. J'entendais leurs pas qui traînaient sur le trottoir comme des forçats, comme des condamnés. Mais le son de leur marche me donnait la nausée, donnait mal au cœur. J'ai fermé fortement les yeux pour ne pas laisser place à la lumière lourde et épaisse de cet automne que je refusais. Je mis les mains ensuite sur mes oreilles qui ne supportaient plus ce bruit insensé et je restais là. Je ne sais pas combien de temps je suis restais debout, figé, muet, sourd, pleurant... A bout de force, mes muscles tétanisés, se relâchèrent doucement. Mes mains ne forçaient presque plus sur mes oreilles bouchées et j'entendis un oiseau au loin chanter. Des pas plus légers aussi se faisaient entendre. J'avais peur d'ouvrir les yeux et de tomber sur un leurre, que se son venait de moi et que ce n'était qu'un rêve. Mais lorsque je retirai complètement les mains, j'entendis que cela venait de l’extérieur de moi... Les yeux rougis par les larmes, je décidais de les ouvrir et la lumière, belle comme celle d’Afrique me mit comme du baume dans mes pupilles endormis. J'avais comme l'impression que cette lumière douce, jaune blé, enfin cette couleur éclairée, me donnait une impression d'amour et de paix. La peur me lâchait petit à petit. Je reprenais contacte avec l'espoir d'un monde ou le gris est banni, ou l'amour est roi, où l'ombre n'existe pas, sauf sous les arbres pour les siestes en été. Les yeux ouverts, je me retournais pour ne plus faire face au mur où de la mousse verte le tapissait. J'ai vu... J'ai vu le monde tel qu'il doit être J'ai vu le monde tel qu'il est quand on a l’œil qui voit. Le printemps était fleuri de mille visages souriants La marche des passants prenaient l'allure de danse, des claquettes résonnantes. Les gens s’attardaient devant les boutons de fleurs qui commençaient leurs éclosions. Le sourire à la boulangère pour souhaiter bonne journée se disait en le pensant vraiment. Tout le monde n’était plus attiré que par les couleurs vives et criardes, mais aussi par ces touches de couleurs pastelle, moins tape à l’œil. Celles qui étaient qualifiées de grise, on leur donnait la qualité d'être tout en nuance. Toutes couleurs est belles, même le gris le plus soutenu a ses qualités qui lui est propre, et les gens voyaient enfin toute la magie du monde, de la vie. Quand on regarde avec cet œil qui voit bien, les merveilles du monde apparaissent comme un trésor infini. Moi même, moi qui voyais ces petites touches presque invisibles à l’œil m'apparaissaient plus franches, plus présentes qu'avant. Je ne savais pourquoi mais un fait certain c'est que dans ma marche avec les autres gens, je me suis entendu chanter doucement, imitant l'oiseau sur mon épaule. En le regardant, je vis que mon manteau noir n'avait plus cette apparence. Je revêtais une chemise d'été. -Qu'ai-je?. Me dis-je en souriant comme un premier de la classe? J'avais le cœur content. Le pas léger comme si j'avais chaussé à la place de chaussures, deux oiseaux!. Je sentis pendant que je marchais, qu'on me mis à la bouche une fleur douce comme un baiser. Et c'est là, que j'ai senti dans ma main comme une chaleur diffuse. Une douceur de peau, une chaleur transmise me donna le réflexe de me tourner vers elle. C'était une main de femme qui m'apportait cette légèreté dans mon pas. C'est son sourire reconnu qui m'apportait le printemps et l'été et le baiser parfumé comme une fleur. C'est son regard offrant tout son amour et qui laisse venir le mien sous cette lumière magique. Cette lumière belle comme un soleil d’Afrique...

Écrit et conté par Jean Claude Dewulf<br />
Tous droits réservés.


Poème posté le 03/08/17


Informations mp3 : Auteur/conteur: Jean Claude Dewulf

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 Interprète
Kero



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