Dans un certain pays ou l’homme politique
S’il ne savait compter ne pouvait être élu
Il devait décider ou recevoir la trique
Agir comme il fallait sinon panpancucul.
Et ceux qui trop fessés évitaient de s’asseoir
Se trouvaient engraissés assez rapidement
On les mettait alors sur une rôtissoire
Ne sachant pas gérer ils servaient d’aliment.
Par l’anthropophagie utile et sélective
Le jeûne commença un sensible recul
Le politique comprit que quand la faim est vive
Il lui fallait gérer sans son engraissement.
Ceux qui semblaient distants du réel quotidien
S’en allaient à l’usine, aux champs, pour s’instruire,
L’apprentissage alors leur faisait tant de bien
Qu’ils parlaient du travail non plus par des ouï-dire.
Et puis, sans exception, tous travaillaient autant
On retraitait alors pour un poids de besogne
Qui était mesuré, égal et important,
De l’inégalité, on évitait la grogne.
Et afin que jeunesse au chômage condamnée
Mette ses pieds menus très vite à l’étrier
On mettait au repos dès soixante cinq années
Tous ceux qui s’entêtaient à encore godiller.
Si les moules accrochées au rocher de l’emploi
Voulaient en s’entêtant user leur énergie
Ils pouvaient aisément accomplir des exploits
Dans des bénévolats manquant de synergie.
Dans ce pays lointain ou l’homme politique
Avait obligation de période d’essai
On rejetait le sot, le nul, ou l’anémique
Et celui dont les comptes ne se montraient parfaits.
Au faible pourcentage attirant la fortune
On comparait celui des petits sans le sou
L’impôt devait aller de façon opportune
Rogner l’excès des uns, et aux autres être doux.
On n’avait alors moins de vétustes cerveaux
Dont les convictions se montraient élastiques
Que l’on siège au sénat que l’on vende des veaux
Soixante cinq ans étaient le seuil chronologique.
Les momies médiatiques au bulbe lacunaire
Et les bonimenteurs de la vulgarité
Ne venaient plus montrer au monde prolétaire
Leur face retendue et leur sénilité.
Sans excès de services on produisait alors
Et l’on importait moins d’exotisme onéreux
À l’étranger on ne donnait pas un trop d’or
Car ce qu’on fait ici rend le chômeur heureux.
Bien qu’ayant des voisins, au demeurant, aimables
Chacun gardaient ses vaches en son champ national
Et l’on n’inventait pas des règles lamentables
Imposant un désordre absurde et général
Il est vrai qu’autrefois on avait vu des guerres
Et que ce jeu ruineux en vie et en argent
Avait conduit les peuples à oublier naguère.
Reste à savoir qui perd économiquement.
L’effet de la concorde a pour nécessité
Que les faux culs ainsi que les fausses promesses
Évitent les sinécures et cette absurdité
Laissant l’autre, chez vous, s’occuper de vos fesses.
Mais dans mon grand pays on agit avec zèle
Et sur des projets beaux comme bulles d’enfants
On sort aux électeurs la même ritournelle
Repeinte et réécrite pour le même olifant.
On trace des miracles le cadre général
Puis petit à petit on s’avance et l’on ose
Mais soudain un comptable dit ce n’est pas normal
Où sont donc les moyens qui permettent la chose.
Alors réinventant la procrastination
On peint sur le futur une aquarelle floue
On diffère, on reporte, attire l’attention
Sur les pneus des coureurs et le danger des clous.
On a des paravents cachant l’absurdité,
La dette, le chômage, les risques terroristes,
Et pour que le votant se perde en cécité
On sort d’un pauvre enfant le dossier fantaisiste !
Craignez l’état de grâce qui ne dure qu’un temps
Pour moins de mécontents le trésor agira
Osez justifier mathématiquement
Que le bien des petits à d’autre déplaira.
Ayez de la justice et de l’égalité
Une vue nécessaire autant que bienfaitrice
Sur tous les privilèges dites la vérité
Marianne en a assez d’être mauvaise actrice.