Les scrutins seront-ils sottises successives?
par Rimatouvent
(Sonnets irréguliers à rimes croisées)
1
Je suis un type étrange et peu recommandable,
Taré probablement, et peu intelligent
Car je dis carrément qu’elle est ingouvernable
La France ingouvernée où régna l’affligeant.
Vous direz qu’à mon âge étant trop exigeant
Je devrais trouver tout, peu ou prou acceptable,
Me soucier fort peu du monde dirigeant,
Qui se bourre les poches, cupide et incapable,
Qui pense différent, me traitera de sot !
Je pourrai supporter les quolibets, les mots,
Et même, s’il en vient, les plus lâches injures
Mais dans la politique apte à tous les parjures
Je ne vois rien de bon pour les temps à venir :
Demain n’appartiendra qu’à ceux sachant souffrir.
2
Plus que les animaux malades de la peste
Nous n’en mourrons pas tous mais tous étant frappés
Ne pouvant exister que du peu qui nous reste
Le diable par la queue sera vite attrapé.
Il faudra supporter des périodes funestes
Sans croire en ces hâbleurs, de mensonges drapés
Savoir trier les hommes à la façon d’Alceste
Pour être de leurs maux les rares rescapés.
Ceux qui ne pensent pas selon ma dialectique
Ont leurs goûts, je n’en fais, pas à tort la critique,
Mais ceux qui lâchement oseraient s’abstenir
Devraient d’un grand mépris se voir soudain punir
Et savoir qu’ils ajoutent leurs absences fatales
Aux influences des folies électorales.
3
Que cela plaise ou non on mettra un garrot
À ces hémorragies où l’euro s’évapore
On serrera la vis qui laissa un peu trop
Prospérer les nantis que la richesse dore.
Léguer la pauvreté à nos petits marmots
Serait de maints méfaits celui qui déshonore
Il faudra partager et, de certains, le trop
Sera pris pour qu’enfin l’équilibre s’instaure.
On saura se passer d’inutiles valeurs,
Payer au juste prix l’efficace labeur,
En mettant le mérite à nouveau la mode
Ceux qui font de l’argent un usage commode
Seront mieux reconnus que les pilleurs d’état
Dont l’incapacité est l’actuel constat.
4
Restant un brin bizarre et peu recommandable
Prêt à souffrir en plus pour un meilleur destin
J’aimerais que s’écrive une nouvelle fable
Où l’électeur ne soit pas pris pour un crétin
Où ceux qui votent nuls soient jugés méprisables
Et où les votes blancs comptent dans le scrutin
Car la majorité blanche est envisageable
Disant aux postulants passez votre chemin.
Il faudrait du sang neuf, un peuple volontaire
Disant que les élus ont des travaux à faire
Et qu’ils doivent pointer s’ils veulent être payés
Que les cancres siégeant soient vivement rayés
Et qu’ils ne fassent plus un monde autoritaire
D’où l’électeur ne peut que rarement s’abstraire.
5
« Le pire des états c’est l’état populaire »
Corneille nous l’a dit, mais il avait un roi ;
Dans la démocratie il serait arbitraire
Qu’un seul grand manitou s’arroge tous les droits.
Quand la fraternité n’est plus égalitaire
La liberté se perd dans un excès de droits
Devons nous redouter le flot contestataire
Laissant aux dictatures un redoutable choix
« Autant j’aime le peuple autant je hais la foule »
Nous dit Victor Hugo, car du calme découle
L’aptitude à juger sans désordre d’esprit
Pour éviter l’échec et toute duperie ;
Il faut en résumé penser son avenir
Éviter les flatteurs ne sachant qu’appauvrir.
6
Vous me jugerez sot ou délirant aïeul
De mener un combat déjà perdu d’avance
Me direz prends tes gouttes avec un bon tilleul
Que faire pour un pays qui reste dans l’errance ?
Mais ne voyez vous pas qu’on se fout de la gueule
De notre Marianne ayant perdu sa chance
Pour que démocratie échappe à son linceul
Il faut des citoyens, retrouver la vaillance.
Faut-il la main de fer sans le gant de velours
Pour obtenir des chefs gouvernant par amour
Et choisis seulement pour leur grande aptitude
Les partis ont sombré dans la décrépitude
Et la presse nous vend des sots couverts d’encens
Quand exigerons-nous des preuves de talent ?