Glisser les lèvres sur toi l’arbre
A la vie qui cabre ; la braise !
Et que frémisse sous l’écorce
Le cœur écorché bois en corps
Bois encore et ces mots et ces songes
Et le souffle que pulse le lait du temps
Bois la sève et l’eau foudre de l’orage
Car de mes larmes nulle trace
Bois toujours arbre , abreuve toi
Pour le jour où il te faudra marcher
Pour la nuit où tu descendras les fleuves
Pour les lendemains de grande débâcle
Glisser les lèvres sur toi , l’ arbre
Souviens toi ce cri à la corde de l’ air
Pour le temps où ton bois fera feu
Mais loin tu seras loin tu t’arracheras
Tu t’arracheras fracassant la terre
Séisme à l’orchestre de tes racines
Quand s’ébroueront les plumes de ton feuillage
Au vent en vagues impétueuses
Ces lèvres sur toi arbre soupir olifan
Trois-mâts rugissant sur l’échine des houles
Quand tes feuilles battront des pages
Chaque livre sera oiseau