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Poésie libre / Souviens-toi : Dakar
              
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Souviens-toi : Dakar
par Pilar


La très belle et sulfureuse Dakar est noire. Nos souvenirs de jeux sur sa lèvre d'ivoire M'habitent encore de leurs joyeux reflets d'or. Chargée d'épices, elle prenait, la nuit violette, Le nœud fougueux, brûlant et lascif de nos corps À la vacillante clarté d'un photophore. Parfois la voile claire d'une goélette Comblait le trou angoissant du sombre océan, Silencieux éclat de rire d'un obscur géant. Un jour nous avions ramassé, cette bouteille, T’en souviens-tu ? Toute émaillée de coquillages Elle contenait d'un naufragé le message D’un autre lieu, d’un autre temps, d’un autre cœur ; Nous l’avons remise à la mer après une heure Non sans l’avoir bénie de tout notre bonheur Autant que son fardeau précieux et vermeil : « Tandis que part à la dérive ce modeste message, mon cœur est à l’ancre dans un doux foyer où il aime et est aimé. Il n’avait pas besoin de voyager, mais tu es passée par-là, charmante nomade nimbée de tant de parfums du monde, et un bout de lui est resté collé à toi après qu'il t'eût reconnue. Dans ton cœur ? Je n’ose y croire. Sur tes mains ou tes joues que j’ai touchées ? Ce serait bien. J’espère surtout qu’il brille encore au fond de tes yeux comme le tien pétille au fond des miens, nuit et jour. Depuis que tu es passée, il te suit, tiraillant de mon côté, faisant sourdre des larmes d'amour aux coins de mes yeux. Les yeux, toujours au centre exact entre nous... Que c’était beau de se rencontrer en premier par le regard, si longuement, si pleinement ; mais que la nuit est longue et froide entre nos soleils ! Aujourd’hui, ton corps est quelque part, peu importe il n’a jamais été ma quête. Mais je sens souvent ton âme en courant d’air qui passe sans me voir sans doute, elle me caresse d’un frisson et signe d'une larme sur mon visage, chaque jour. Si tu as trouvé cette bouteille à la mer, ne la renvoie pas par le même chemin pour me répondre, je t’en prie, ce serait trop long pour qu’elle remonte opportunément le courant qui va de moi à toi et augmente en force avec le temps. J’ai juste trois petits mots à te dire, qui courent comme des poussins dorés à travers la plupart de mes poèmes. Que tu les lises et les saches apaiserait déjà mon âme, mais que mes lèvres les murmurent à tes oreilles pour te les accrocher en pendentifs, alors je serai au comble du bonheur. Je ne te demanderai rien d’autre que tu ne me demandes toi-même. Non, je ne les écris pas, ces trois petits mots où il y en a un pour toi, un pour moi avec un autre comme trait d'union. Je ne signe pas non plus puisque la bouteille et son message seront allés de moi à toi, jusque là-bas, si loin, tout au bout de mon cœur. » Cet amour si fort nous serra l'un contre l'autre, Avec passion comme s'il était devenu nôtre. Tantôt ton ardeur écarlate m'emportait Moi qui dans un tendre vert soyeux me vêtait, Tantôt par une orange langueur je gardais Dans un bleu doux la vigueur jaune de ta vie. Extase ! ........Blanche fusion ! ........................Et puis repos verdet Avant de nous blottir dans le silence ondé Et chuintant de l'océane mélancolie, Berçant en nous les flux et reflux du plaisir Qui résonnaient encore des élans du désir. Las, peu frais, nous remontions les rues au matin Collés d'humide dans nos robes de satins L'esprit encore moite des nocturnes ébats, Nous allions aux marchés, palettes de couleurs. Remontant le fleuve de boubous et djellabas, Nous aimions nous baigner entre étals et cabas À Sandaga ou à Kermel pour leur chaleur À Tilène, pour sa vérité de médina Afin de revenir de notre Nirvana.

À toi, si jamais tu passes par là, le message dans la bouteille à la mer.

Poème posté le 09/07/16


 Poète
Pilar



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