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Poésie libre / La musique de la vie (2)
              
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Poésie libre / La musique de la vie (2)

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La musique de la vie (2)
par Domagoj sirotinja


Sa vie a ressemblé à un conte d'Hans Christian Andersen. C'est inquiétant et frais comme une fin d'année, le baroque a sa place parmi les macchabées, ses sœurs ont pleuré sa disparition brutale, disparition du chef d'orchestre dans la force de l'âge, alors qu'il était en étape à Dresden, ville au combien romantique, un brin chaotique, à l'image de cet homme de 44 ans, volage, menant à la baguette les premiers violons et les flûtes traversières, avant de se retrouver au tapis et de quitter la scène, d'un coup de revolver ; il n'a pas souffert, la balle a sifflé simplement la fin du concert. J'étais amoureux, je l'aimais sauvagement, voilà tout. Pour elle j'aurai tondu tous les moutons de la terre, pour elle j'aurai bu le lait de toutes les vaches du Texas, pour elle j'aurai cueilli toutes les tulipes de la Hollande ; j'étais fou d'elle, à en crever, jusqu'au jour où elle croisa ce maudit chef d'orchestre, un maudit soir de mai, d'égarement .. Il fallait soigner cette plaie ouverte, et oublier. Après des mois de luttes intérieures, de filatures, de nuits sans sommeil, de jours sans saveur, je décidai d'agir pour sauver l'amour, mon amour. Le 30 octobre 2014, affublé d'un masque de Gandhi, je me dirigeai d'un pas cadencé vers l'occident, les paillettes, les boites people, et la misère, mon destin en éventail, décidé à frapper un grand coup, au nom du porc, du fric, et du Saint Ego, pour retrouver la paix et ma femme, de nouveau. C'est donc déguisé que je commis ce meurtre imparable, avec économie de moyens, mais de l'envie palpable. Aujourd'hui, je vais au cimetière remuer les vers du type que j'ai tué, il s'appelait Kevin Kimitsouri, maintenant on l'appelle K.K. , c'est la vie ! Enfin pour lui la mort, pour moi un peu de sport. De Cali, légèrement décalé, dans le vrai, le feux, l'ivresse, sans désirer boire le calice jusqu'à la lie, maintenant que le temps passe et que l'amour effraie, j'aspire à plus d'audace et à moins de regrets, mes pas se tournant vers la vie, ne sachant tricher ni mentir, juste respirer et frémir, comme cette lettre aux poètes de l'univers, souffleurs de maux et de vastes demeures : William Boyd comme neige au soleil, Blaise Cendrars et la prose du transsibérien, Pasolini et les cendres de Gramsci, Nikolaï Gogol et sa terrible vengeance, Velibor Čolić et le roman roulette Perdido, Tennessee Williams dans un tramway nommé désir, Ludovic janvier pour une poignée de monde, Tin Ujević et le scalpel du chaos, Li Po, l'ambassadeur des trente six cieux, Georges Spénale sur l'immense nature, Stephen Spender ultima ratio regum, la mémoire et la mer de Ferré, la mauvaise réputation de Brassens, les mains d'or de Lavilliers, les boutons dorés de Barbara, la Côte d'Azur de Nougaro ... Pardonnez-moi si mon âme agitée vous dérange, le poète a vécu dans l'espoir et la flamme, refusant le repli, se métamorphosant, embrassant les vers et les cieux, partageant la bonne semence, jouant de son rôle de prophète, partant avec les faveurs des muses, frappé en plein cœur, grâce à l'art ; grâce aux saints, nous ne comptons plus les jours perdus et les nuits salées, seule s'imprime dans notre conscience Odin et sa meute. Parmi tant de montagnes et de palais mouillés, parmi la nouvelle vague, la brume et les couleurs, la poésie se décline, vivante à jamais, comme elle est venue, éternellement en chemin. Et la distance n'est rien face à ce qui nous rassemble, et le cœur est amour et l'amour est à l'heure, emmenons à la plume quelques mèches inspirées. La pluie maudite sur les cheveux de Vesna Parun, la voix du silence de Maurice Carême, Judy Pfau au pays de lys, les nouvelles orientales de Marguerite, le cendrier et les sept mégots de Medina, Alarico Cassè et le piéton burlesque, Janis Ezerins à cheval sur son âne rose, Dee Wells belle et moderne Jane ... Entre le paradis et la terre, entre les flammes, le lac, la douceur d'un nuage, la beauté crescendo, le tiraillement de l'âme à tous les âges ; merci aux corps de supporter encore les charges, on ne va pas s'arrêter en si bon chemin ! Repensons et pesons le court et le long, le pour et le contre, l'envolée et la neige, posons-nous un instant sur l'oreille du monde. Ferme les yeux et danse avec les champignons, danse avec les guirlandes de Noël, danse avec les œufs de Pâques et bats-toi, danse avec la Marie, engueulez-vous, danse avec les saisons, danse et tremble, c'est une farandole suprême, c'est une empreinte vertigineuse, danse puisque la vie est la plus belle des musiques. @ Edi Sorić



Poème posté le 29/11/14


 Poète
Domagoj sirotinja



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