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Poésie libre / Récit d'un poilu
              
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Récit d'un poilu
par Aros


Sur le quai, nous étions des âmes impatientes, Nous chantions, entassés, pour nos armées pimpantes, Dans le train qui roulait vers un front provisoire Que notre France offrait pour la paix et la gloire. Nos yeux s’illuminaient en foulant la Champagne : Ses vignes au soleil sublimaient la campagne, Ses blés mûrs attendaient l’invite des greniers. Nous étions insouciants, bêtement cocardiers. A présent, notre liesse enfouie de les tranchées, Nous subissons la boue, les parois effondrées. Et que dire des puces, des rats inquisiteurs, Qui pourrissent nos vies et stimulent nos peurs. Nos sillons sont brisés sous le front de la guerre. Des obus par milliers labourent notre terre, Dans les rayons de lune on les voit s’envoler ; Dans un bruit de fracas on les voit éclater. Ils laissent derrière eux des crevasses fumantes, Des soldats déchirés offrant leurs plaies béantes, Des soldats accrochés aux mille barbelés. Cruellement, la mort les a accaparés. Cadavres à genoux, cadavres repliés, Cadavres puanteur, cadavres éventrés. Le tableau est terrible, effrayant à vomir, Que la guerre est infâme, on ne peut les quérir. Chaque jour que Dieu fait jette des sorts funèbres, Les canons enragés hurlent dans les ténèbres. Des poilus à bout prient comme dans les églises, Reverront-ils un jour le bon temps des cerises ?



Poème posté le 20/11/13


 Poète
Aros



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