Tourisme
par Pampelune
Comprends-tu, ici Visiteur,
Le crépuscule a son orbite. Un puits ; bouche de canyon.
Il y pousse chaque jour mon village perdu, sur lequel veille
L’art ; ouvrant un œil lumineux de poisson mort. A merveille
Egale d’ailleurs, y cillent les prunelles des plus mignonnes
Profondeurs.
Les chauves-souris sillonnent, dansantes pourfendeuses,
Un ciel crépon, de leurs trajectoires nerveuses. Demandeuses,
Elles paraissent capturer hésitantes mon regard frondeur ;
Tissant les courants d’air d’une inoffensive toile de fils invisibles.
Hypnotisé,
Sous leur joug d’araignées célestes et dominatrices, érotisé,
Je leur réponds ; grillon bavard. Pies et crapauds interloqués,
Ecoutent. Leurs grincements me parlent un dialecte disloqué.
De nous seuls compréhensible. Cet échange serait presque risible,
S’il n’ y avait
Ces étoiles témoins. Lucioles là-haut, mitraillant l’espace. Ballerines
Filantes, dépositaires des vœux amoureux. Le temps d’un charme,
Elles transportent au loin la chouette hulotte s’ébrouant et le drame
De l’arbre. Sa branche qui craque dans le silence bleu marine ;
Si tu savais…
Telle les os d’un squelette queue l’on démembre…
Le froid me vrille. Il me grille Décembre.
La tentation des amantes vaut-elle la cendre ?
… Descendre de mon piédestal. Descendre,
Descendre.
M’étendre.
Comprends-tu, ici Visiteur.
Poème posté le 23/12/12