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Le pèlerin
par Ann


Lavé de frais à la fontaine Confessé du matin : Cela prit un bon brin de temps. Le bonhomme, la conscience sereine Prit la route, le bâton à la main Sur les cinq heures sonnant, De Montmirail en Champagne Jusqu’au pied des Pyrénées. A l’époque Ce n’était point une mince entreprise Que d’aller de villes en campagnes. Mais pour l’heure le cheminot s’en moque ! Il est temps que je vous dise : Sa réputation de braconnier Dépassait largement les limites du canton. Et pour sauver l’âme de son ouaille, Le curé du lieu lui commandait quelque gibier En justes actes de contrition. Le pèlerin était une fine canaille. Le saint homme un fin gourmet : Il s’accommodait d’un lièvre Ou bien d’un faisan farci Et pour les jours maigres d’un brochet Béni du bout des lèvres Et toujours arrosé du meilleur vin de pays. Le gaillard dans la pleine force de l’âge Daignait bien les faveurs D’un certain gibier en dentelles. Le représentant des Saintes Ecritures sans ambages, Car les maris le voulaient chasser de leur demeure, Proposa au banni un marché plus doux qu’une volée de gros sel. …………………………………………………………… Arrivé à destination le pèlerin avise L’épicerie tabac souvenirs Une baraque de cailloux et de sainteté Accrochée à la vieille église. Avant que Marie, mère du petit Jésus ne vint s’y établir, Il y avait de cela une cinquantaine d’années, Lourdes n’était pas même un hameau. L’étranger ne lésine pas sur son choix Sa mission est d’importance : Déposant au creux de sa main l’écot Béni par un large signe de croix Le curé avait prêché avec insistance. Il paye donc un gros pain de sucre Qu’il glisse sous son bliaud. « Mon client est un original facétieux » Se dit le vendeur. Mais satisfait d’un si bon lucre Il se fend de son salut le plus beau ; Le produit est rare et bien onéreux. Avec sa vilaine grosseur sur le dos, Dans les eaux de la grotte consacrée, Le pèlerin entre religieusement. Et le bossu s’épuise en prières et son fardeau Pleure des larmes de sucre et disparaît. Quelques bonnes femmes pieusement S’agenouillent crédules au pied du miraculé. « C’est un prodige, Marie a entendu ta supplique. » Qu’elles scandent en égrenant leur chapelet. Notre missionnaire sourit béatement. L’épicier Aux cris des dévotes accoure du fond de sa boutique : Le mercantile secret sera bien gardé L’envoyé du curé s’en retourne en son pays La sainte besogne accomplie, Droit comme un I. Et l’habile commerçant s’enrichit De pacotilles bénies. Nous te remercions Tous, Marie

Cette anecdote je la tiens d’un cousin qui la tient lui-même de son grand-père, le frère de mon arrière grand-père, vous me suivez…. Ce grand-père avait un ami, le héros de cette très véridique aventure.

Poème posté le 01/05/10


 Poète
Ann



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