(Amour de marin)
Il avait vu le monde et fait bien des escales
Mais c’est de souvenirs qu’il avait fait le plein,
Cette femme surtout, il s’en souvenait bien,
Une fille aux yeux verts, une blonde si pâle.
Une bague d’argent surmontée d’une opale,
Des images confuses aux souvenirs mêlées,
Un poignard un briquet et même un narghilé
Et la photo jaunie de la blonde si pâle.
Toutes les inconnues, amours de soirs de bal,
Il n’en reste plus rien, sauf, loin dans sa mémoire
Cette fameuse escale et cet amour d’un soir,
Cette femme aux yeux verts, la fille au teint si pâle.
Celle dont il sait bien jusqu’à son dernier râle
Qu’aucun remède au monde ne pourra le guérir,
Tant est belle l’image et beau le souvenir
De cette rose offerte, au délicats pétales,
De cet aveux si doux sur le bord du canal
Et cette défaillance si peu dissimulée
Et lui si peu conscient qui en a profité,
La portant au frisson qui l’a laissée si pâle.
Maintenant le voici aux ombres automnales,
Des amours de marins il ne reste qu’image
Et quelques souvenirs qui résistent à l’âge,
Il passera bientôt aux soirées hivernales,
Avec bien des regrets, pas ceux que l’on étale,
Ceux qui viennent à flots quand on baisse les armes
Et qu’au petit matin on se réveille en larmes,
Regrets d’amours manquées qui rongent comme un mal.
Jamais il n’oubliera la fabuleuse escale,
Ni la blonde inconnue au visage si pâle,
Ni sa bague d’argent surmontée d’une opale,
Jamais il n’oubliera jusqu‘à son dernier râle